De Bastia À Paris
Réflexions Sur Les Différences Territoriales Et La Nécessité D’Agir Ensemble
C’est un article de Corse Net Info (CNI) qui m’a donné envie de me pencher sur la problématique des violences conjugales.
Quand je pense à l’été, je vois souvent des images de douceur, de soleil et de repos partagé. Pourtant, derrière cette façade légère, une autre réalité existe, plus sombre : celle des violences conjugales qui ne connaissent ni trêve, ni saison. C’est un sujet qui me touche profondément, car il met en lumière la fragilité des liens humains et la responsabilité collective que nous avons face aux personnes les plus vulnérables. J’ai choisi de l’explorer à travers un regard qui relie les constats statistiques aux récits intimes, de Bastia à Paris, pour comprendre comment chaque territoire raconte une histoire singulière de lutte, de silence et d’espérance.
Chaque été, les mêmes explications surgissent : la chaleur, l’alcool, l’isolement. Mais sont-elles vraiment les causes principales d’une augmentation des violences ? Les données nationales révèlent plutôt une tendance inquiétante et constante : les violences conjugales augmentent chaque année. Dans certains départements, comme la Haute-Corse, les chiffres semblent même stagner ou baisser légèrement. Cela me pousse à penser que la réalité ne se résume pas à des clichés saisonniers. Elle est plus complexe : elle dépend du contexte local, du tissu associatif, de la réactivité des institutions, et même du poids du tourisme qui peut modifier la géographie des signalements.
Face à cela, je m’interroge sur la réponse des institutions. Oui, des mesures fortes existent : ordonnances de protection, téléphones d’urgence, bracelets anti-rapprochement. Mais l’été, une inquiétude revient toujours : que se passe-t-il lorsque les associations fonctionnent avec moins de moyens, lorsque les services tournent au ralenti, et que les victimes se retrouvent plus isolées que jamais ? J’ai en mémoire ces dispositifs mis en place à Paris durant les Jeux Olympiques, comme les « safe places », qui montraient qu’une vigilance accrue en période sensible était non seulement possible, mais vitale.
Je pense aussi à celles et ceux qui vivent ces violences dans un huis clos étouffant, que ce soit dans un village de Corse ou dans un appartement parisien. Comment briser ce silence ? Comment encourager une personne à franchir le pas de la plainte ? Et comment responsabiliser les témoins, qu’ils soient voisins, proches ou simples touristes de passage ? Cette responsabilité partagée me semble essentielle : nous ne pouvons pas rester spectateurs et spectatrices. Comme l’écrivait Simone de Beauvoir : « Le malheur d’une seule femme, d’un seul homme, m’atteint et m’enseigne ».
Pourtant, je crois que la véritable clé réside en amont : dans l’éducation et la prévention. Éduquer au respect mutuel, déconstruire les stéréotypes de genre, impliquer davantage les hommes dans la lutte contre les violences, ce sont des leviers puissants et durables. Les campagnes estivales sont nécessaires, mais elles ne suffisent pas. La prévention doit être une action quotidienne, intégrée dans les écoles, les familles, les clubs sportifs et les espaces de vie sociale.
Ce que j’en retiens, c’est que comprendre les disparités territoriales, ce n’est pas comparer qui souffre le plus, mais voir comment chaque contexte éclaire différemment notre capacité collective à agir. À Bastia comme à Paris, les violences conjugales nous rappellent que nous devons rester vigilants et solidaires, quelles que soient les saisons. J’ai voulu partager ces réflexions avec vous non pas pour donner des réponses définitives, mais pour ouvrir des pistes, nourrir une conscience commune et, je l’espère, encourager le dialogue.
Les violences conjugales ne connaissent pas de pause. Et c’est ensemble, dans nos engagements, nos conversations et nos solidarités, que nous pouvons construire des chemins de réparation et de respect.
Références utilisées
– SSMSI – Service statistique ministériel de la sécurité intérieure, « Victimes de violences physiques et sexuelles en 2024 », 27 février 2025
– ONVF/MIPROF, Lettre d’information thématique, mars 2024
– Sénat, Débats publics sur l’ordonnance de protection, 3 juin 2024
– Fédération nationale Solidarité Femmes, Rapport d’activité 2024, publié juin 2025
– Préfecture de Haute-Corse, Protocole départemental contre les violences intrafamiliales, février 2025








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