Les petits billets de Letizia

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Je ne peux rien enseigner à personne, Je ne peux que les faire réfléchir. (Socrate 470/399 A.JC)

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Dans Le Théâtre Politique, Mélenchon S’invente Ses Propres Blasphèmes

Quand Une Sauce Devient Le Symbole D’une Bataille Sur La Liberté D’expression

Il est des affaires qui paraissent futiles, mais qui révèlent les dessous grinçants de notre démocratie médiatique. Prenez une simple bouteille de sauce parodique, saupoudrez-la d’un logo trop ressemblant, ajoutez-y un journal offusqué et un tribun prompt à dégainer son verbe – et vous obtenez un festin politique à la française. Ce qui, à première vue, ressemble à une anecdote savoureuse, finit par dévoiler nos contradictions les plus profondes sur la liberté d’expression, la satire et l’obsession de protéger des symboles devenus quasi sacrés.

On nous répète que la parodie est protégée par la loi. C’est vrai. Mais à condition de ne pas trop ressembler à l’original, de ne pas troubler l’ordre public du logo, et de ne pas froisser l’égo de ceux qui en sont propriétaires. Autrement dit : riez, mais pas trop fort. Dans cette affaire, l’humour s’est heurté aux frontières rigides de la propriété intellectuelle. Or, l’humour, par nature, déteste les barrières : il s’épanouit dans les interstices, là où la règle vacille.

Évidemment, il ne fallait pas attendre longtemps avant que Jean-Luc Mélenchon transforme la querelle de logos en plat politique épicé. Fidèle à sa stratégie de dénonciation des médias, il s’est emparé de l’affaire comme d’un amuse-bouche pour illustrer ce qu’il appelle la censure des voix critiques. Pour lui, cette sauce devient un blasphème médiatique, une provocation nécessaire pour dévoiler les hypocrisies d’une presse qu’il juge trop souvent alliée au pouvoir. Mais derrière la rhétorique enflammée se cache une interrogation plus vaste : les médias doivent-ils défendre leurs symboles comme on défend un patrimoine, ou accepter que la satire les bouscule ?

En réalité, en envoyant une mise en demeure à une boutique humoristique, un journal risque de se ridiculiser davantage qu’il ne protège son image. À vouloir préserver leur sérieux, certains médias finissent par ressembler à des notaires vexés par une blague de potache. Et pourtant, leur crainte n’est pas totalement dénuée de fondement : un logo détourné peut brouiller la frontière entre critique légitime et parasitage mercantile. Là se niche toute l’ambiguïté : protéger ses droits ou protéger son image ?

La force de l’humour, c’est qu’il démolit plus sûrement qu’un discours de deux heures. Mais c’est aussi sa faiblesse : il peut polariser, caricaturer, durcir les lignes au lieu de les éclaircir. Dans le cas de cette sauce, on rit d’abord, puis on s’interroge : est-ce une contribution au débat public ou un simple gadget militant ? J’ai souvent constaté que des plaisanteries apparemment légères déclenchaient plus de débats que des tribunes argumentées. Comme si le rire, en touchant là où ça fait mal, révélait davantage que mille analyses savantes.

Je l’avoue : cette histoire me fait sourire. Mais elle me fait aussi réfléchir sur notre fragilité démocratique. Si une simple parodie déclenche des tempêtes juridiques et des diatribes politiques, que dire des crises plus sérieuses ? Peut-être que notre République, comme un vieux fromage, supporte mal les secousses tout en cultivant ses croûtes protectrices. Car au fond, cette affaire met en lumière une vérité ironique : « Là où on brûle des livres, on finit par brûler des hommes » écrivait Heinrich Heine. Peut-être faut-il relire cette mise en garde, non pour crier au drame, mais pour rappeler que l’intolérance au rire est toujours le premier symptôme d’une démocratie qui s’enrhume.

Cette querelle autour d’une sauce est moins anodine qu’elle n’y paraît : elle éclabousse tout le monde. Elle montre combien la liberté d’expression reste fragile face aux réflexes de protection, combien les politiques aiment jouer les justiciers du rire, et combien nos médias peinent à jongler entre sérieux et dérision. La prochaine fois que vous croiserez une parodie qui fait grincer des dents, demandez-vous : sommes-nous en train de défendre la démocratie ou simplement de protéger nos susceptibilités ? J’aimerais lire vos expériences et vos avis – car après tout, c’est en partageant nos rires et nos doutes que nous faisons vivre ce débat.


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