Réflexion Sur Un Principe Émancipateur Et Universel Pour Une Société Plus Juste
Il y a des mots que l’on croit connaître simplement parce qu’ils font partie de notre quotidien. « Laïcité » en fait partie. Longtemps, je l’ai entendue évoquée dans des débats tendus, réduite à des règlements scolaires ou à des interdits dans l’espace public. Mais en creusant, en m’interrogeant à la lumière de mes valeurs – celles du respect, de la justice sociale, de l’émancipation des corps et des esprits – j’ai découvert qu’il s’agissait en réalité d’un principe profondément politique, un levier d’émancipation, une boussole dans le tumulte de notre époque.
Ce qui me touche dans la laïcité, ce n’est pas tant sa définition juridique que son souffle philosophique. Ce que je défends, c’est « une laïcité active », en mouvement, nourrie par une volonté d’égalité réelle entre les personnes, quels que soient leur genre, leur origine, leur spiritualité ou leur absence de croyance. Une laïcité qui refuse toute assignation et tout pouvoir fondé sur le sacré, qui libère au lieu d’enfermer. Elle me parle parce qu’elle s’adresse à ce qu’il y a de plus profond en nous : notre capacité à penser, à douter, à croire ou ne pas croire, à nous relier aux autres dans un espace commun, désacralisé mais pas déshumanisé.
Ce n’est pas un hasard si je me sens proche des pensées de figures comme Sébastien Castellion ou Spinoza, qui, dès leur temps, ont osé affirmer que la liberté de conscience était inaliénable. Castellion écrivait déjà : « Tuer un homme, ce n’est pas défendre une doctrine, c’est tuer un homme ». Une phrase bouleversante de vérité, et si actuelle encore. À travers elle, je vois un engagement à défendre le droit de toute personne à exister, à penser, sans avoir à se soumettre à une norme unique.
Ce principe me paraît d’autant plus essentiel aujourd’hui que les crispations identitaires et les replis communautaires progressent. La laïcité, dans son essence, ne vient pas nier la diversité. Elle trace une ligne, claire mais bienveillante, entre la sphère intime – que je considère inviolable – et la sphère publique, que je rêve égalitaire, inclusive et apaisée. Ce n’est pas l’uniformité que je cherche, mais l’équité. Je crois que c’est justement en garantissant un espace commun neutre que l’on peut accueillir toutes les différences avec la même dignité.
Je me méfie des discours qui réduisent la laïcité à une simple neutralité ou à un vivre-ensemble de façade. Ce que je défends, c’est « une laïcité combattante, mais non violente », exigeante, mais jamais excluante. Une laïcité qui protège les plus vulnérables contre les dominations symboliques, qu’elles soient patriarcales, religieuses ou sociales. Elle a une résonance particulière pour moi en tant que femme, parce qu’elle peut constituer un rempart face à toutes les formes d’oppression légitimées par des dogmes.
Je pense souvent à cette phrase de Sartre : « L’homme est condamné à être libre ». Condamné, oui, parce que la liberté n’est pas confortable. Elle oblige. Elle dérange. Mais elle est la condition même de notre humanité. Et c’est cette liberté-là que la laïcité rend possible : celle de pouvoir se construire hors des cadres imposés, d’être soi dans un monde où chacun·e a droit au même respect, à la même voix.
La laïcité n’est pas une fin, c’est un chemin. Un projet inachevé, à faire vivre, à interroger, à ajuster sans cesse pour qu’il continue d’émanciper plutôt que d’exclure. J’y crois parce qu’elle nous invite à dépasser nos appartenances pour construire ensemble un horizon commun. Ce n’est pas facile. Mais c’est nécessaire. Et terriblement humain.








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