Une Réflexion Sur Le Rôle De L’École, Des Familles Et De La Société
Dès que je me penche sur le sujet de l’éducation à la sexualité en milieu scolaire, je ressens l’importance d’aller bien au-delà d’un simple programme. Il s’agit d’une question intime, délicate et profondément politique : comment transmettre à nos enfants et adolescent·e·s des repères clairs et protecteurs sur la vie affective, relationnelle et sexuelle ? J’ai choisi de m’y intéresser parce que ce thème rejoint mes convictions les plus profondes : l’écoute, la prévention, et la construction d’un climat de respect mutuel.
Ce qui m’interpelle d’abord, c’est l’ambition affichée de prévenir les violences sexistes et sexuelles. Le nouveau programme veut inscrire au cœur des apprentissages la notion de consentement, la lutte contre les stéréotypes et la promotion d’une égalité réelle entre filles et garçons. J’y vois une avancée précieuse : offrir aux élèves des outils pour dire non, pour comprendre leurs émotions et pour reconnaître celles des autres. Comme le rappelait Simone de Beauvoir : « On ne naît pas femme : on le devient ». C’est bien toute une éducation qui façonne les représentations et qui peut, si elle est pensée collectivement, libérer des générations futures des carcans du sexisme.
Pourtant, cette ambition se heurte à des défis très concrets. Je pense notamment au manque de formation des enseignant·e·s : comment aborder des thèmes aussi sensibles sans préparation suffisante ? Beaucoup témoignent de leur malaise, craignant les réactions des familles ou la difficulté de gérer les débats en classe. J’ai moi-même vu des réunions pédagogiques où la gêne prenait le dessus sur l’envie de transmettre. Il est donc nécessaire d’accompagner davantage celles et ceux qui portent ce programme.
La place des parents me semble également centrale. Trop souvent, j’entends des discours qui opposent l’école et la famille, comme si l’une devait remplacer l’autre. Pour moi, il s’agit au contraire de créer un partenariat clair. J’ai en mémoire une réunion où, grâce à un dialogue franc, des parents initialement méfiants ont finalement exprimé leur gratitude d’être associés au processus éducatif. Cette transparence change tout : elle transforme la méfiance en confiance, et la peur en soutien.
Mais au-delà de la salle de classe, un défi encore plus vaste se dessine : celui du numérique. Nombre d’études montrent que l’âge moyen d’exposition à la pornographie en ligne se situe autour de 11 ans. Beaucoup d’enfants découvrent alors une vision déformée de la sexualité, souvent violente ou stéréotypée. Comment rivaliser, à l’école, avec la puissance de ces images ? Je crois qu’il est urgent de parler de ce décalage, sans tabou, et de donner aux jeunes des clés pour décoder ces contenus. Ici encore, les parents ont un rôle à jouer : accompagner, questionner, ouvrir le dialogue plutôt que de laisser les écrans occuper seuls le terrain.
En réfléchissant à tout cela, je réalise que l’éducation à la sexualité n’est pas seulement un chapitre scolaire. C’est une promesse : celle de construire une société où chacun·e apprend à respecter l’autre et à se respecter soi-même. Cette promesse, je la vois comme une graine : elle demande du temps, de la patience et une coopération sincère entre l’école, les familles et la société toute entière.
Si je devais conclure, je dirais que cette réforme porte un espoir immense, mais qu’elle ne réussira que si elle s’appuie sur trois piliers : la formation des enseignant·e·s, la confiance des parents et la prise en compte des réalités numériques. Nous avons toutes et tous un rôle à jouer pour que cette promesse devienne réalité. Alors, je vous pose la question : quelles expériences ou réflexions avez-vous déjà partagées autour de ce sujet sensible ?
Références
– Ministère de l’Éducation nationale, Arrêté du 3 février 2025 relatif au programme d’éducation à la sexualité.
– Bulletin officiel de l’Éducation nationale, Circulaire MENE2503565C, 6 février 2025.
– Le Monde, articles de synthèse sur la réforme, février-mars 2025.
– Haut Conseil à l’Égalité, Rapport annuel 2023 sur l’état du sexisme en France.
– ARCOM, Étude sur l’exposition des mineurs à la pornographie en ligne, 2023-2024.
– Association e-Enfance, Rapport annuel sur le cyberharcèlement et les violences numériques, 2022-2023.







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