Théâtre Politique, Contes De Fées Et Comptes Bancaires
Quand bonnet blanc et blanc bonnet rejouent la comédie du pouvoir
À Nice, il ne s’agit plus seulement de plages ensoleillées et de carnaval. Les municipales de 2026 s’annoncent comme une représentation théâtrale où deux comédiens de longue date occupent la scène : Éric Ciotti et Christian Estrosi. Deux rôles principaux, deux styles d’interprétation, mais au fond, le même scénario. Derrière les rideaux, trois thèmes dictent la pièce : la sécurité, les finances et la crédibilité.
D’un côté, Ciotti se rêve en shérif inflexible, héros solitaire des westerns municipaux. De l’autre, Estrosi endosse une fois de plus le rôle du patriarche protecteur, maître de la mise en scène locale. Mais entre les deux, difficile de voir autre chose qu’une querelle de doublures : « bonnet blanc et blanc bonnet », comme disait jadis Jacques Duclos. Le duel n’est pas tant une opposition qu’une symétrie ironique.
À Nice, la sécurité est le leitmotiv électoral. Caméras, patrouilles, discours martiaux : le décor est planté. Mais la vraie question reste entière : protéger, est-ce punir ou prévenir ? Les Niçois·e·s oscillent entre le sentiment d’être écouté·e·s et la crainte d’être surveillé·e·s. On agite l’épouvantail de l’insécurité pour masquer le vide d’idées, et chaque candidat·e espère incarner le « garant de l’ordre », comme si gouverner se résumait à brandir un trousseau de clés.
Dans le grand livre des comptes de Nice, les chiffres valsent comme des notes de musique dissonantes. On nous chante l’investissement colossal, mais l’épargne brute grince comme un violon mal accordé. La Chambre régionale des comptes a déjà tiré la sonnette d’alarme, mais chacun préfère réciter sa partition. Résultat : le contribuable devient figurant d’un numéro d’équilibriste, oscillant entre dettes et promesses, comme si les finances publiques n’étaient qu’un tour de magie.
Les alliances ressemblent à un bal de carnaval : on change de masque, on échange de partenaire, on danse tant bien que mal. Estrosi s’affiche en rempart contre le RN, Ciotti flirte avec les droites les plus dures. Chacun joue son pas de danse, mais la chorégraphie finit en vaudeville. Ici, l’électeur·rice se retrouve spectateur·rice d’un ballet où les pas semblent déjà écrits.
Aucune pièce politique sans ses apartés croustillants : enquêtes, plaintes, suspicions, rumeurs. Dans les coulisses niçoises, le bruissement des dossiers est devenu la bande-son de la vie publique. À force de scandales recyclés, l’indignation s’use, le citoyen·ne se lasse. La justice joue son rôle, mais sur scène, les acteurs feignent de ne pas entendre.
Face à ce théâtre de faux-semblants, je choisis une autre dramaturgie. Transparence financière, participation citoyenne, sécurité partagée : voilà le texte que j’aimerais entendre sur scène. Publier les comptes comme on annonce un programme de festival, donner un rôle à chaque habitant·e dans les décisions, et juger les élu·e·s non sur leur verbe, mais sur leurs actes. Montaigne écrivait : « Mieux vaut une tête bien faite qu’une tête bien pleine ». C’est exactement ce que réclament les Niçois·e·s : des élu·e·s capables d’agir avec clarté plutôt que de réciter par cœur des slogans creux.
Je l’ai souvent constaté : les électeurs et électrices ne demandent pas des miracles, mais un minimum de cohérence. Voir où passe leur argent, comprendre pourquoi telle décision est prise, sentir qu’iels comptent dans la mise en scène municipale. C’est là que mes valeurs trouvent écho : authenticité dans le discours, bienveillance dans les choix, transparence dans les actes. Une politique où la proximité n’est pas un slogan, mais une pratique.
À l’heure où Nice s’apprête à vivre son prochain acte électoral, espérons que la pièce jouée ne soit pas qu’un vaudeville de plus. Car derrière les décors, il y a une ville, des vies, des attentes. Une ville qui mérite mieux que des postures, mieux que des promesses de saltimbanques. Elle mérite une gouvernance honnête, une gestion claire, une sécurité partagée. Peut-être est-il temps, collectivement, de réécrire le scénario.
Références
– Le Monde, articles politiques récents sur les municipales 2026 à Nice
– Nice-Matin, couverture locale sur la sécurité et la vie municipale
– Cour des comptes, rapport public annuel et observations régionales
– Assemblée nationale, débats et positions sur les alliances politiques






Laisser un commentaire