Les petits billets de Letizia

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Je ne peux rien enseigner à personne, Je ne peux que les faire réfléchir. (Socrate 470/399 A.JC)

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Le Mouvement Du 10 Septembre

Le Mouvement Du 10 Septembre

Miroir De Nos Fragilités

Entre Révolte Citoyenne Et Quête De Sens

Quand j’ai entendu parler du mouvement du 10 septembre, je n’ai pas seulement vu un rendez-vous de contestation sociale, mais une tentative, peut-être maladroite, de redonner une voix à celles et ceux qui se sentent oublié·e·s. Je reste sceptique et réservée, car il est toujours délicat de savoir si une mobilisation de ce type peut réellement dépasser le bruit médiatique pour s’ancrer durablement. Pourtant, je ressens le besoin d’en savoir un peu plus, d’aller au-delà des slogans et des rumeurs qui circulent.

Tout a commencé par des assemblées générales (citoyennes ?) dans une soixantaine de villes françaises. Ces rencontres, souvent modestes et locales, ont cristallisé un refus net de ce que l’on appelle aujourd’hui le « budget Bayrou », synonyme pour beaucoup d’une austérité imposée. Mais derrière les chiffres, ce sont des vies qui s’agitent. Les récits qui m’ont marquée parlent d’infirmières épuisées, d’étudiant·e·s contraint·e·s de cumuler plusieurs petits boulots, de retraité·e·s qui s’inquiètent de l’avenir de leurs proches. Ce sont ces visages que je garde en mémoire, plus que les montants inscrits dans une loi de finances.

Dans cette révolte, j’aperçois un écho des gilets jaunes. Comme en 2018, il y a la volonté de se soustraire aux cadres traditionnels des partis et syndicats. Mais le mouvement actuel se déplace ailleurs : il prend racine dans les réseaux numériques, trop souvent de droite, notamment Telegram, où se forment et se diffusent rapidement les appels à « bloquer le pays ». Cette évolution me semble révélatrice : nos colères ne se partagent plus seulement sur les ronds-points, elles circulent désormais à la vitesse d’un clic. Cela donne une puissance inédite, mais aussi une fragilité, car les illusions d’ampleur peuvent masquer la réalité du terrain.

Les plateformes numériques offrent une force de mobilisation fulgurante, mais elles ouvrent aussi la porte aux rumeurs et aux manipulations. J’avoue que cette dimension me rend prudente. Comment distinguer une colère authentique d’une stratégie de désinformation ? Comment s’assurer que l’indignation ne soit pas détournée au profit d’intérêts opaques ? Hannah Arendt écrivait : « Le pouvoir naît quand des êtres humains s’assemblent et agissent de concert ». Mais que se passe-t-il quand ces rassemblements se construisent sur des canaux où l’information est souvent invérifiable ?

Ce qui me touche malgré tout, ce sont ces voix qui réclament d’être reconnues. Je n’y lis pas seulement une plainte économique, mais un besoin de dignité et de respect. En cela, je ne peux m’empêcher de me demander si ces mobilisations ne sont pas des rappels collectifs à nos valeurs de solidarité et d’attention mutuelle. Mon scepticisme ne m’empêche pas de voir l’urgence de ces interpellations, même si je reste vigilante sur la forme qu’elles prennent.

En fin de compte, ce mouvement me laisse plus de questions que de réponses. Est-il le signe d’une renaissance démocratique ou une énième poussée de colère qui retombera sans effet durable ? Peut-être qu’il nous invite, individuellement et collectivement, à chercher d’autres manières d’habiter le débat public. Et vous, qu’en pensez-vous ? Ce mouvement vous inspire-t-il une inquiétude, un espoir ou simplement un besoin d’observer avant de juger ?


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