Les petits billets de Letizia

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Je ne peux rien enseigner à personne, Je ne peux que les faire réfléchir. (Socrate 470/399 A.JC)

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Comprendre La Construction De Notre Personnalité

Comprendre La Construction De Notre Personnalité

Entre Héritage Génétiques Et Expériences De Vie, Un Équilibre Subtil

Depuis toujours, la question de ce qui nous définit anime réflexions et débats. Sommes-nous façonné·e·s par nos gènes ou par les expériences qui jalonnent notre existence ? Cette interrogation touche à l’essence même de notre humanité, car elle interroge notre capacité à nous comprendre et à nous transformer. Elle dépasse le champ scientifique pour embrasser les dimensions philosophiques, sociales et spirituelles de l’existence.

Loin des oppositions simplistes entre « nature » et « culture », il apparaît que notre personnalité naît d’une interaction constante entre notre héritage biologique et les contextes dans lesquels nous évoluons. Les recherches en psychologie comportementale montrent que près de la moitié de nos traits de personnalité seraient hérités. Les Big Five – ouverture, conscienciosité, extraversion, agréabilité, névrosisme – constituent un cadre descriptif précis pour appréhender cette part relativement stable de notre identité. Les études sur les jumeaux identiques élevés séparément en attestent : même dans des environnements distincts, ils manifestent souvent des similitudes de tempérament, témoignant de l’importance du socle génétique.

Pour autant, ce socle n’est pas un destin. Les événements de vie, qu’ils soient heureux ou traumatiques, modifient nos façons de percevoir, de ressentir et d’agir. La résilience, concept popularisé ces dernières décennies, illustre notre faculté à transformer l’adversité en force créatrice. Une enfance marquée par le soutien et l’encouragement favorisera souvent la confiance en soi, tandis qu’un environnement hostile pourra renforcer la prudence ou le retrait. Dans ces processus, la plasticité cérébrale joue un rôle central : particulièrement active durant l’enfance et l’adolescence, elle permet au cerveau d’intégrer de nouvelles expériences et de remodeler certaines dispositions.

Ces observations ne concernent pas uniquement la sphère intime ; elles ont des implications sociales et éducatives majeures. Si l’on sait que les contextes d’apprentissage et les relations influencent la personnalité, alors investir dans des environnements inclusifs, bienveillants et stimulants devient un acte de construction collective. Les neurosciences rejoignent ici la philosophie : Platon, déjà, affirmait que « L’éducation est l’allumage d’une flamme, et non le remplissage d’un vase ». Ce qui revient à dire que nous ne sommes pas de simples réceptacles passifs, mais des êtres en devenir, façonnés par un dialogue permanent entre ce que nous portons et ce que nous recevons.

Sur le plan philosophique, la tension entre déterminisme et liberté traverse toute la pensée occidentale. Spinoza soutenait que la liberté consiste à comprendre la nécessité qui nous gouverne, là où Sartre affirmait que l’existence précède l’essence et que nous nous définissons par nos actes. Ces perspectives, bien que différentes, se rejoignent sur un point : reconnaître les contraintes qui nous constituent n’annule pas notre pouvoir d’agir. Notre héritage génétique dessine un champ de possibles ; notre vécu, nos choix et nos engagements déterminent la trajectoire que nous y inscrivons.

Il est fascinant de constater à quel point deux personnes, partageant un patrimoine génétique similaire, peuvent vivre des parcours radicalement différents selon les milieux traversés, les liens noués et le sens attribué aux expériences vécues. Cette diversité illustre l’immense potentiel de transformation qui nous habite. Elle invite à dépasser l’idée d’une personnalité figée pour envisager un processus évolutif, toujours ouvert.

Reconnaître cette double appartenance – à la fois héritier·e·s de nos gènes et auteur·es de notre propre récit – conduit à une vision plus nuancée et plus riche de l’humain. Cela incite à cultiver les conditions favorables à l’épanouissement, à investir dans l’éducation et à rester attentifs et attentives aux environnements dans lesquels nous grandissons et évoluons. Loin de nous enfermer, cette compréhension nous donne les moyens de travailler sur nous-mêmes avec lucidité et ouverture.

En fin de compte, la personnalité apparaît comme un cheminement où s’entrelacent nature et culture, passé et futur, contraintes et liberté. Comprendre ces interactions, c’est aussi mieux accueillir la complexité de nos semblables et encourager un vivre-ensemble respectueux et créatif.

Références :

Polderman, T. J. C. et al. (2015). Meta-analysis of the heritability of human traits based on fifty years of twin studies. Nature Genetics.

Roberts, B. W., & DelVecchio, W. F. (2000). The rank-order consistency of personality traits from childhood to old age : A quantitative review of longitudinal studies. Psychological Bulletin.

Inserm. (2020). Troubles de stress post-traumatique.

Université Paris-Saclay. (2023). Les rouages méconnus qui contrôlent nos gènes.


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