Macron Peut-Il Éviter L’effondrement ?
Réflexion Personnelle Sur Un Pouvoir Vacillant
Depuis plusieurs semaines, je ressens profondément le vertige politique dans lequel notre pays semble basculer. La chute annoncée du gouvernement Bayrou, après un pari budgétaire jugé intenable, résonne comme un énième signal d’alarme. Avec neuf Premiers ministres en dix ans, Emmanuel Macron aura démontré davantage son incompétence et son goût pour la manœuvre que pour la stabilité. Je perçois, comme beaucoup, que son comportement parfois va-t-en-guerre et son incapacité à rassembler ont plongé la France dans une dérive institutionnelle qui interroge notre avenir collectif.
Cette crise ne surgit pas de nulle part. Elle est l’aboutissement d’une fragmentation parlementaire née des législatives anticipées de 2024, où aucune majorité claire ne s’est dégagée. François Bayrou a cru pouvoir gouverner avec un plan d’économies de 44 milliards d’euros, mais ce projet a heurté de front les attentes d’une société déjà éprouvée par l’inflation, la peur du déclassement et la fatigue démocratique. Comme l’ont montré les analyses sociologiques, seule une minorité de citoyen·ne·s déclare encore avoir confiance dans les institutions politiques. Cette défiance durable explique pourquoi chaque crise semble se transformer en abîme.
Face à cet enchevêtrement, la Constitution prévoit des mécanismes clairs. L’article 49, qui permet au Premier ministre d’engager la responsabilité de son gouvernement, a été utilisé par Bayrou pour tenter de verrouiller son projet, au risque d’accélérer sa propre chute. L’article 12, qui autorise le Président à dissoudre l’Assemblée nationale, demeure une arme redoutable mais risquée. Dissoudre, aujourd’hui, c’est probablement donner les clés du jeu au Rassemblement national, en tête des intentions de vote. Nommer un nouveau Premier ministre issu des rangs socialistes serait une solution de compromis, mais elle ne réglerait pas le problème de fond : l’absence de confiance et de vision partagée.
Les sondages sont éloquents. Une majorité de Français·e·s dit vouloir une dissolution de l’Assemblée, et près de sept sur dix se déclarent favorables à une démission présidentielle si l’impasse persiste. Cette aspiration traduit non seulement une colère mais aussi un désir d’efficacité, presque une nostalgie d’un État capable d’agir. J’y vois une attente forte d’authenticité et de vérité : nous voulons des dirigeant·e·s qui reconnaissent leurs limites, qui s’exposent avec sincérité, qui osent dire « je ne peux pas seul·e ».
Les oppositions, elles, ne cachent pas leurs intentions. Le RN appelle de ses vœux une dissolution qu’il estime pouvoir transformer en victoire historique. Les socialistes réclament que l’alternance se joue à gauche, et certain·e·s insoumis·e·s vont jusqu’à exiger la démission présidentielle. Les Républicains, plus divisés, oscillent entre compromis ponctuels et attentes stratégiques. Emmanuel Macron, lui, paraît enfermé dans une logique solitaire où chaque décision devient un coup de poker. Mais peut-on vraiment diriger un pays de cette manière, quand tant de vies dépendent de stabilité et de clarté ?
Dans cette séquence, je me sens partagée entre inquiétude et espérance. Inquiète, parce que l’instabilité politique nourrit le cynisme et fragilise la démocratie. Espérante, parce que je crois que cette crise peut devenir l’occasion d’une refondation. Comme l’écrivait Simone Weil : « La démocratie, c’est l’acceptation de l’interrogation par ceux qui gouvernent ». Il est urgent que nos dirigeant·e·s entendent cette exigence. Peut-être faut-il aller jusqu’à réformer nos institutions pour introduire une dose de proportionnelle, élargir la participation citoyenne et donner sens à des élections que trop de gens vivent comme un rituel vide.
Je ne crois pas que la France soit condamnée au déclin. Je crois qu’elle a besoin d’une gouvernance plus humble, d’un État qui reconnaît ses limites et d’élus qui dialoguent au lieu de s’affronter sans fin. La crise actuelle n’est pas seulement celle d’un président, elle est celle de tout un modèle politique qui doit s’ouvrir, se transformer, se réinventer. Nous n’avons pas besoin de héros solitaires mais d’un collectif qui se regarde en face et décide ensemble du chemin à suivre.
Références utilisées
– IFOP, sondage pour LCI, 26-27 août 2025.








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