Les petits billets de Letizia

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Je ne peux rien enseigner à personne, Je ne peux que les faire réfléchir. (Socrate 470/399 A.JC)

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Pesticides Interdits Et Concurrence Déloyale

Pesticides Interdits Et Concurrence Déloyale

Comment La France Peut-Elle Protéger Ses Agriculteurs Et Sa Santé Publique ?

Ma Réflexion Sur Un Défi Collectif

Je me souviens du choc ressenti en découvrant que des cerises traitées avec un pesticide interdit en France, le diméthoate, avaient franchi nos frontières et s’étaient retrouvées sur nos étals. Ce paradoxe m’habite encore : « nous interdisons certaines substances pour protéger notre santé et notre environnement, mais nous acceptons que ces mêmes produits reviennent à travers nos importations ». Cette incohérence met en lumière l’urgence d’une réponse collective, où santé publique et justice économique se rejoignent.

Quand j’évoque la santé, ce n’est pas une abstraction. Les recherches récentes sur l’acétamipride et le diméthoate rappellent que ces molécules ne sont pas anodines. Les scientifiques soulignent les risques neurologiques pour les enfants, les effets perturbateurs sur les abeilles, et les incertitudes liées à une exposition chronique. En tant que consommatrices et consommateurs, nous faisons confiance à nos institutions pour garantir que nos assiettes ne contiennent pas de menaces invisibles. Mais la réalité nous oblige à rester vigilants et vigilantes : les frontières ne filtrent pas toujours les résidus, et les contrôles ne sont pas systématiques.

J’entends souvent le désarroi des agriculteurs et agricultrices, contraint·e·s d’appliquer des règles strictes en France et dans l’Union européenne, tout en voyant arriver des produits étrangers à bas prix, parfois traités avec les substances qui leur sont interdites. Cette situation crée une impression de jeu faussé. « Comment rivaliser avec des fruits et légumes produits à moindre coût grâce à des pesticides bannis chez nous ? ». Les conséquences économiques sont lourdes : pression sur les prix, perte de compétitivité et découragement d’une profession déjà fragilisée.

La réponse ne peut pas être seulement nationale. Certes, la France a déjà utilisé une clause de sauvegarde en 2016 pour interdire les cerises au diméthoate, prouvant que l’action unilatérale est possible en cas de danger grave. Mais je sais aussi que le défi se joue à Bruxelles. Les limites maximales de résidus fixées au niveau européen, les débats parlementaires récents sur la tolérance des pesticides interdits pour les importations, ou encore les projets de la Commission visant à renforcer les règles, montrent qu’une harmonisation est en cours. Reste à savoir si elle sera suffisamment ambitieuse pour protéger à la fois la santé et l’équité commerciale.

Je crois que des solutions concrètes existent. Renforcer les contrôles aux frontières et sur les marchés, exiger une traçabilité claire, créer des labels garantissant l’absence de résidus interdits, soutenir financièrement les filières locales et investir dans la transition agroécologique : autant de pistes qui peuvent redonner confiance. Ces mesures doivent s’accompagner d’une coopération internationale et européenne ferme. L’argument sanitaire est puissant, il permet d’agir sans enfreindre les règles de l’OMC, mais il doit s’appuyer sur des données scientifiques solides et indépendantes.

Au fond, cette question interroge notre rapport au vivant. L’écrivain Albert Camus rappelait : « mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde ». Ne pas nommer les pesticides interdits qui franchissent nos frontières, c’est fermer les yeux sur une réalité qui met en danger la santé publique, l’avenir de nos agriculteurs et agricultrices et la biodiversité. Je crois qu’il est temps de retrouver une cohérence : si une substance est jugée trop dangereuse pour nos sols et nos corps, elle ne doit pas entrer dans notre pays par la porte arrière des importations.


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