Un Miroir Des Inégalités Sociales
Une Urgence De Solidarité, D’Équité Et De Responsabilité Républicaine
J’écris depuis une île qui fascine et qui souffre. Je vois des villages pleins de maisons vides et des rues où vivent des voisin·e·s qui peinent à boucler leurs fins de mois. Le constat brûle : la Corse, derrière la carte postale, concentre des fractures sociales que nous refusons trop souvent de nommer. Les chiffres récents sont clairs et cruels : une pauvreté régionale élevée et une montée du surendettement qui ronge la dignité de retraité·e·s, de familles monoparentales et de jeunes travailleurs et travailleuses.
Je ne fais pas ici un inventaire académique. Je raconte ce que j’ai entendu. La personne âgée qui renonce au chauffage. La mère isolée qui choisit entre se nourrir et payer un loyer. Le jeune salarié en CDD qui s’endette pour vivre. Le lien est visible : un marché du logement hostile, des revenus insuffisants et des crédits à la consommation qui transforment l’urgence en fatalité. C’est une double peine : précarité économique et isolement social.
Quelles sont les causes ? L’insularité n’excuse rien mais complique tout. Le foncier se raréfie. Les résidences secondaires et la spéculation compriment l’offre pour les habitant·e·s. À cela s’ajoutent une inflation sournoise et des mécanismes de crédit qui poussent à la consommation au moment même où les revenus stagnent. Le résultat : des dossiers de surendettement, des rendez-vous d’aide saturés, et des dispositifs d’accompagnement qui peinent à répondre à l’échelle et à la spécificité locale.
Je suis en colère. Parce que la réponse technique n’est plus suffisante. Il faut de la solidarité structurée, pas des annonces. Il faut de l’équité réelle, pas des pansements ponctuels. J’affirme que la dignité se protège par des politiques publiques ciblées : production accélérée de logements sociaux adaptés, encadrement de l’accès au crédit à la consommation, surtaxes ciblées sur les résidences secondaires qui privent les habitant·e·s du droit à un toit, guichets uniques de médiation dette accessibles dans chaque bassin de vie.
La prévention compte autant que la réparation. Formation budgétaire, accès simplifié aux droits pour les retraité·e·s et les foyers modestes, dispositifs de prévention psychologique pour les personnes confrontées à l’épuisement financier : ce sont des mesures concrètes, coûteuses certes, mais moins que le prix social du laisser-faire.
Je n’attends pas que tout vienne d’en haut. Les associations, les élu·e·s locaux et locales et les citoyen·ne·s doivent être partenaires d’un plan qui restaure la confiance. La bienveillance n’est pas un luxe : c’est une stratégie républicaine. La justice sociale n’est pas une formule ; c’est une pratique politique mesurable.
« L’homme est né libre, et partout il est dans les fers ». – Jean-Jacques Rousseau
Alors, que faisons-nous ? Regardons les chiffres. Acceptons la réalité. Agissons avec force. Si nous laissons la Corse devenir le miroir grossissant d’inégalités nationales, nous trahissons notre idée commune de solidarité. Je refuse cette trahison. Nous devons, ensemble, imposer l’équité.
Références principales :
INSEE – Insee Flash Corse, 5 décembre 2024.
Banque de France – Enquête typologique sur le surendettement des ménages, 13 février 2025.
Collectivité de Corse – Rapport diagnostique, 26 avril 2024.
Fondation Abbé Pierre – État Du Mal-Logement, 31 janvier 2024.








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