Les petits billets de Letizia

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Je ne peux rien enseigner à personne, Je ne peux que les faire réfléchir. (Socrate 470/399 A.JC)

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Le Capitalisme Des Catastrophes

Le Capitalisme Des Catastrophes

Comment L’Écosocialisme Peut Rompre Le Lien Entre Guerre Et Écocide

Quand Le Militarisme Prétend Sauver Le Climat, Mais Nourrit Le Chaos

Un barrage qui explose en Ukraine, inondant des villages entiers. Des champs agricoles réduits en poussière à Gaza, privant une population de nourriture et d’eau. Des avions de chasse qui survolent des territoires déjà asphyxiés par le dérèglement climatique. Faut-il vraiment multiplier les exemples pour comprendre que le capitalisme prospère désormais sur les décombres de la planète ? Derrière le vernis humanitaire, le militarisme environnemental se présente comme un pompier pyromane : « protéger » les populations en même temps qu’il entretient les flammes qui les consument.

Le « capitalisme des catastrophes », concept rendu célèbre par Naomi Klein, ne se limite plus aux ouragans ou aux crises financières. Il colonise la guerre. Chaque conflit devient une opportunité d’investissement, chaque désastre une promesse de contrats publics et privés. Les armées ne sont plus seulement des forces de projection, elles se posent en gestionnaires du climat. « Défense et climat », dit-on dans les cénacles militaires, comme si la solution aux incendies planétaires se trouvait dans les blindés et les drones. Ironie suprême : le réchauffement est devenu un marché.

L’Anthropocène, ou plutôt ce « Thanatocène » qu’évoque Jean-Baptiste Fressoz, révèle le paradoxe ultime : les États se disent garants de la sécurité alors qu’ils investissent massivement dans les industries qui détruisent le vivant. Ukraine, Palestine, mais aussi Yémen ou Sahel : autant de laboratoires d’un capitalisme guerrier où la conquête territoriale et l’exploitation des ressources se parent du masque de la « stabilité ». On détruit des écosystèmes, on rase des infrastructures vitales, et l’on parle encore de « dominer l’espace stratégique ». À qui profite ce chaos ? Certainement pas aux populations déplacées ni aux sols rendus stériles.

On nous dit que ces guerres sont nécessaires, défensives, inévitables. Vraiment ? La réalité est plus crue : les logiques impérialistes de Washington, Moscou, Tel-Aviv ou Paris perpétuent un modèle où le sang et le pétrole, l’eau et les armes, s’échangent dans la même équation. Les crimes documentés à Gaza, les destructions massives en Ukraine ne sont pas des « dommages collatéraux ». Ce sont des choix stratégiques, assumés, parfois niés, mais toujours payés par les peuples et la nature.

Face à cela, que reste-t-il ? La résignation ? Certainement pas. L’écosocialisme offre une voie : réaffirmer la primauté de la vie sur la logique marchande, la démocratie sur le monopole militariste. Cela suppose d’oser poser les questions qui fâchent : la réappropriation démocratique des armes est-elle une hérésie ou une condition de survie ? Peut-on soutenir certaines résistances armées sans se compromettre avec l’autoritarisme ? Peut-on bloquer les logistiques militaires sans être taxé·e·s d’ennemis intérieurs ?

Les exemples existent déjà. Des dockers refusent de charger des conteneurs d’armes. Des collectifs organisent des campagnes contre les exportations militaires. Des mouvements écologistes et pacifistes se retrouvent dans la rue pour dire non à l’illusion sécuritaire. Derrière ces gestes, il y a une intuition puissante : si le capitalisme prospère sur la destruction, il peut être freiné par la solidarité et l’action directe. « Il faut espérer dans le désespoir même », écrivait Walter Benjamin.

Alors oui, il est temps de rompre ce cercle vicieux. Non pas par naïveté, mais par stratégie. La guerre détruit les corps et les écosystèmes ; l’écosocialisme peut réinventer les solidarités et redonner sens à la démocratie. Entre le bruit des bombes et le silence des champs dévastés, un autre horizon est possible. Encore faut-il le vouloir.

Références principales

Naomi Klein, La stratégie du choc, édition française, 2008.

Jean-Baptiste Fressoz & Christophe Bonneuil, L’Événement Anthropocène, 2016.

Alexis Cukier, Contretemps, « Guerre impérialiste, militarisme environnemental et stratégie écosocialiste », 11 septembre 2025.

Observatoire Défense & Climat (IRIS), Rapports 2023–2025.


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