Les petits billets de Letizia

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Je ne peux rien enseigner à personne, Je ne peux que les faire réfléchir. (Socrate 470/399 A.JC)

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Entre Répression Et Radicalisation

Entre Répression Et Radicalisation

La Contestation Française En Quête D’Un Autre Récit

Le Cri D’Une Gilet Jaune Face À L’Aveuglement Du Pouvoir

Le 18 septembre dernier, j’étais encore dans la rue. Nous étions des centaines de milliers, éparpillés dans plus de deux cent cinquante rassemblements. Certain·e·s brandissaient des pancartes usées par les luttes, d’autres allumaient des feux de palettes, beaucoup bloquaient les routes. On nous a filmé·e·s, compté·e·s, souvent méprisé·e·s. Mais ce que je retiens surtout, c’est la même rage froide : « nous ne sommes pas entendus ».

Depuis des années, je marche, je bloque, je crie. Et je vois un changement profond : les journées de mobilisation ponctuelles ne suffisent plus. Ce que nous voulons, ce que nous portons, ne peut pas se résumer à un cortège du samedi. Alors, nous radicalisons nos moyens. Non par goût du chaos, mais parce que le pouvoir s’est bouché les oreilles. Quand des collectifs comme « Bloquons tout » surgissent et réussissent à entraîner les grandes centrales, c’est que la base a pris le relais. Les réseaux deviennent nos barricades numériques, nos rendez-vous clandestins, nos mégaphones.

En face, que fait l’État ? Il muscle sa répression. Les rapports du Sénat, comme ceux des ONG, en disent long. Usage disproportionné des armes dites « intermédiaires », opacité des chiffres, enquêtes bâclées. Nous, nous voyons les chairs déchirées par les LBD, les visages marqués à vie, les mains arrachées par les grenades. J’ai vu des manifestant·e·s tomber et j’ai entendu des ministres nier l’évidence. « Ce n’est pas la police, c’est la foule », nous répètent-ils, comme une insulte. Mais quand la démocratie elle-même chancelle sous les coups de matraque, qui donc protège encore la République ?

Et que dire de cette nomination à Matignon ? Sébastien Lecornu, choisi en septembre, symbole d’un pouvoir qui n’écoute pas, qui ne négocie pas, mais qui se replie sur son appareil sécuritaire et sur son obsession budgétaire. À croire que gouverner, pour eux, c’est additionner des colonnes Excel et aligner des CRS. J’attendais un souffle, j’ai trouvé un verrou. On nous parle d’unité nationale quand tout autour se fissure.

Pendant ce temps, le Rassemblement National joue les gardiens de l’ordre. Ils dénoncent les débordements, appellent à dissoudre les collectifs, mais n’offrent rien aux travailleuses et travailleurs qui souffrent. Leur masque tombe : derrière leurs discours populaires, ils protègent les patrons et la police. Ils se posent en arbitres du désordre, mais refusent d’embrasser nos luttes. Quelle ironie pour un parti qui prétend parler au peuple.

J’ai appris des Gilets jaunes. J’ai appris des mobilisations de 2023. Nous avons appris à durer, à déborder, à inventer. Chaque blocage est une leçon, chaque nuit dehors une école de démocratie. Nous ne voulons pas la violence, mais nous refusons l’humiliation. Et si nos colères paraissent radicales, c’est que les solutions raisonnables sont restées lettres mortes.

Alors, je le dis aujourd’hui : la seule sortie possible, c’est le respect. Respect de nos vies, respect de nos voix. Sans cela, le fossé entre nous et eux ne cessera de s’élargir, jusqu’à ce que le pays se brise. « Voulons-nous vraiment une France où la parole est étouffée plutôt qu’écoutée ? »

Références principales

– Le Monde, « Journée de mobilisation du 18 septembre », 18 septembre 2025.

– Sénat, Rapport d’information sur le maintien de l’ordre, 9 avril 2024.

– Amnesty International France, Dossier « Violences policières dans les manifestations », 22 mars 2023.

– AFP, Dépêche sur la nomination de Sébastien Lecornu à Matignon, 9 septembre 2025.


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