Les petits billets de Letizia

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Je ne peux rien enseigner à personne, Je ne peux que les faire réfléchir. (Socrate 470/399 A.JC)

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Nostalgique Des Textes Et Des Artistes D’antan

Nostalgique Des Textes Et Des Artistes D’antan


jPourquoi La Musique Francophone Ne Peut Pas Se Réduire À Une Habitude

J’entends encore mon père fredonner, du Brassens ou du Brel, entre deux éclats de rire de ma mère. Ces voix, ces mots, ce souffle, ce n’étaient pas de simples chansons : c’était la mémoire d’un peuple, la chair vivante de nos histoires familiales. Alors, comment pourrais-je croire que la musique francophone ne serait qu’une routine d’écoute, une habitude sans âme ? Non. Elle est bien davantage. Elle est un miroir, et parfois une gifle.

On me dit souvent que je suis « nostalgique ». Que j’idéalise Ferré, Barbara ou Nougaro. Mais ce n’est pas de nostalgie qu’il s’agit. C’est de transmission. La chanson en français a cette puissance rare : celle de nous parler directement, sans traduction, sans filtre. Quand je comprends chaque mot, chaque double sens, chaque ironie, mon cœur bat plus fort. Les études psycholinguistiques l’ont démontré : l’intelligibilité amplifie l’émotion. Est-ce du passéisme que de rappeler cette évidence ? Non, c’est défendre une richesse qui nous distingue.

Pourtant, j’entends le discours dominant : « Le rap n’est pas de la vraie musique ». Quelle erreur, quelle injustice ! Le rap est aujourd’hui la voix des quartiers, le récit des invisibles, le souffle d’une génération. Bien sûr, il dérange. Bien sûr, il clive. Mais n’est-ce pas le rôle de toute grande expression artistique ? Brassens choquait, Gainsbourg scandalisait, Ferrat ou Renaud dérangeait. Faut-il rappeler que chaque époque a rejeté sa propre avant-garde ? Quand je vois des cérémonies enfin consacrer ces artistes rappeurs et rappeuses, je me dis qu’il reste un peu d’espoir. Car oui, ce genre qu’on veut souvent réduire à une mode est en réalité une lame de fond sociologique et poétique.

Reste le rouleau compresseur : le streaming. Les plateformes mondiales traitent la musique comme une statistique. Des algorithmes dictent ce que nous devons entendre. Et bien sûr, l’anglais y règne en maître. On nous vend des playlists calibrées, où la chanson francophone se noie dans un océan de hits formatés. On nous vole notre diversité culturelle avec le sourire du progrès. Faut-il accepter que nos propres artistes soient invisibilisé·e·s dans leur propre langue ? Faut-il courber l’échine devant cette globalisation musicale qui standardise les goûts ? Je refuse. Parce que chaque chanson française qui disparaît sous un flux algorithmique, c’est un pan de mémoire qui s’efface.

Alors oui, la musique francophone est un miroir. Un miroir de nos luttes, de nos joies, de nos colères. Mais si nous la réduisons à une simple habitude, elle se brisera. J’en appelle à la responsabilité : éducateurs, éducatrices, plateformes, médias, auditeurs et auditrices. Écoutons en conscience. Préservons ce qui nous unit, refusons de nous dissoudre dans le bruit global. Parce qu’une chanson en français n’est pas une relique : c’est une arme douce, une résistance poétique, un souffle vital.


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