Les petits billets de Letizia

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Je ne peux rien enseigner à personne, Je ne peux que les faire réfléchir. (Socrate 470/399 A.JC)

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Autorité Parentale Aujourd’hui

Autorité Parentale Aujourd’hui

Trouver L’équilibre Entre Cadre, Parole Et Exemplarité

Ma Réflexion Inspirée Par Ma Nièce Fictive

Imaginons : je n’ai pas d’enfant, mais j’ai une nièce. Elle a six ans, un âge où chaque mot, chaque geste devient un miroir. Quand je la regarde vivre, je suis à la fois émerveillée et inquiète. Émerveillée par son intelligence vive, sa curiosité sans fin. Inquiète parce que je mesure à quel point le monde autour d’elle impose déjà ses normes, ses pressions, ses contradictions. L’autorité parentale, telle que je la vois exercée par ma sœur et son compagnon, ressemble à un funambulisme permanent.

On demande aux parents d’être bienveillant·e·s, mais aussi fermes, disponibles mais aussi performants au travail, exemplaires mais aussi humains. Une injonction impossible. L’autorité parentale a été redéfinie depuis la loi de 1970 : on ne parle plus de « puissance paternelle », mais d’une autorité partagée qui vise l’intérêt de l’enfant. Une avancée majeure, certes. Mais dans le quotidien, cette autorité ressemble souvent à un combat invisible. J’observe ma sœur poser des limites, expliquer, répéter, parfois céder par fatigue. Et je me demande : est-ce vraiment un manque d’autorité, ou bien une société qui refuse de soutenir celleux qui éduquent ?

La délégation éducative est flagrante. L’école transmet son cadre, les écrans ses modèles, les camarades leurs codes. Ma nièce rentre parfois avec des expressions qu’elle n’a pas apprises à la maison. Sa mère corrige, explique, nuance. Mais cette vigilance constante épuise. Les parents ne sont plus les seul·e·s architectes de l’éducation : ils·elles doivent jongler avec des institutions qui imposent leurs propres règles. L’autorité se fragilise quand elle doit se négocier en permanence entre maison, école et société.

Et pourtant, le secret de l’autorité tient moins dans la force que dans l’exemplarité. Je le vois dans ces moments simples : quand ma sœur lui parle avec douceur même après une journée exténuante, quand elle prend le temps d’expliquer le « pourquoi » d’une règle. Les enfants ne se contentent pas d’écouter : ils observent. Ils épient nos failles, nos contradictions. Si nous prônons la politesse sans la pratiquer, si nous parlons de respect tout en coupant la parole, l’autorité se désagrège. C’est ici que le langage devient un outil de construction : poser une limite claire, avec des mots précis et non blessants, est un acte d’éducation plus puissant qu’aucune punition.

Reste le défi écrasant du temps. Je vois ma sœur courir d’un rendez-vous professionnel à un trajet d’école, avec la culpabilité comme compagne. Comment être présente quand tout conspire à nous fragmenter ? Comment maintenir une autorité sereine quand la fatigue ronge la patience ? On nous répète que les parents manquent d’autorité. Mais non : ce sont nos rythmes de vie, notre système, qui sabotent leur capacité à l’exercer.

Je refuse de croire qu’il s’agit d’une fatalité. Je suis indignée par cette hypocrisie sociale : nous glorifions la parentalité, mais nous refusons de créer les conditions pour qu’elle s’exerce dignement. L’autorité n’est pas une question de sévérité perdue, mais de cohérence, de temps partagé, d’un cadre social qui respecte celleux qui éduquent. Ma nièce me le rappelle chaque jour : les enfants n’ont pas besoin de parents parfaits, mais d’adultes disponibles, justes et cohérents. Ce que nous devons revendiquer, c’est un monde qui leur permette d’exercer cette mission sans s’y épuiser.

Références principales

— Service-public, « Exercice de l’autorité parentale », mise à jour 2024.

— INED, « Les transformations des familles en France », 2023.

— Rapport du Sénat, « École, co-éducation et autorité bienveillante », mars 2024.

— Le Monde, entretien avec Romain Delès, avril 2025.


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2 réponses à « Autorité Parentale Aujourd’hui »

  1. Avatar de kaika

    Bonjour. J’ai juste une petite remarque par rapport à cet article. « L’autorité parentale a été redéfinie depuis la loi de 1970 : on ne parle plus de « puissance paternelle », mais d’une autorité partagée qui vise l’intérêt de l’enfant. Une avancée majeure, certes. »

    On parle maintenant d’autorité partagée or dans l’article, c’est la mère qui mène cette autorié, qui s’implique à imposer des règles pour le bien-vivre à la maison et l’éducation. Quid du père ? Perso, c’est difficile d’imposer un cadre quand un seul parent le fait et qu’il ne reçoit pas de soutien. J’ai connu peu de couple et de parents se soutenir ainsi, ça existe mais souvent ce que j’entends et vois, le père ne s’implique plus (pas assez) dans l’éducation de leurs enfants. Je ne veux pas faire une généralité car c’est par rapport à ce que je vois.
    J’admire les parents qui se tiennent les coudes, arrivent à avoir le même discours devant leurs enfants et ajuster leur position entre eux.

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  2. Avatar de Letizia Doria

    Bonjour. C’est l’exemple que j’ai voulu faire passer, le père ne s’implique plus (pas assez) dans l’éducation de leurs enfants.
    Tu soulèves un point très intéressant et important. L’autorité partagée, quand elle est bien mise en place, peut vraiment aider à maintenir une harmonie familiale et à offrir un cadre solide pour les enfants. Mais comme tu le dis, cela demande une vraie coopération entre les deux parents, ce qui n’est pas toujours évident.
    C’est vrai que dans certains cas, un parent peut se retrouver à porter seul cette responsabilité, et cela peut être très difficile, voire épuisant. Ce que tu observes, que certains pères s’impliquent moins dans l’éducation des enfants, est une réalité qui existe dans certaines familles. Mais il y a aussi des exemples de couples où les deux parents travaillent main dans la main, et c’est vraiment admirable, comme tu le dis.
    L’essentiel, je pense, c’est de favoriser le dialogue et la compréhension mutuelle entre les parents. Même si les points de vue diffèrent parfois, le fait de se soutenir et de chercher des solutions ensemble peut faire une énorme différence. Et pour ceux qui se sentent seuls dans cette tâche, il ne faut pas hésiter à chercher du soutien auprès de proches ou de professionnels. La parentalité est un défi, mais avec de la communication et du respect mutuel, on peut avancer.
    Merci pour ton partage, c’est une réflexion qui mérite d’être approfondie ! 😊

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