La Souveraineté Défiée Par Un Autre Pouvoir
Corruption, trafic de drogue et territoires abandonnés : les défis urgents pour préserver la souveraineté et la sécurité en France
J’ai encore en mémoire ces images insoutenables : un fourgon attaqué en plein jour pour libérer un trafiquant, des policiers débordés, une population tétanisée. Nous avons trop longtemps accepté que ces scènes deviennent presque banales. Pourtant, derrière ces coups d’éclat se cache une vérité brutale : le crime organisé n’est plus seulement une activité souterraine, il est devenu un contre-pouvoir, une force qui rivalise avec l’État dans sa propre maison.
Ce qui me révolte, c’est cette capacité des réseaux criminels à transformer la rue en place forte, les ports en frontières invisibles, l’argent sale en influence politique. Les chiffres sont là : des milliards circulent grâce aux trafics de drogue, la cocaïne s’impose sur le marché européen comme jamais. Derrière les chiffres, il y a des territoires abandonnés, des familles brisées, des adolescent·e·s happé·e·s par la promesse rapide d’argent facile. Et l’État, trop souvent, s’essouffle à courir derrière une machine criminelle qui avance deux fois plus vite.
Réduire ces organisations à de simples cartels de l’argent, c’est se voiler la face. Leur véritable danger est politique, social et moral. Elles infiltrent les institutions par la corruption, elles achètent des silences, elles dictent parfois la loi de fait dans des quartiers entiers. Quand l’Italie parle du « voto di scambio », nous devrions entendre un avertissement : la démocratie elle-même est vulnérable. Dans nos propres villes, des élus et des fonctionnaires se retrouvent soumis à des pressions inavouables. Voilà le vrai coût de l’aveuglement : la souveraineté amputée, le bien commun abîmé, la confiance collective fracturée.
Et puis, il y a cette hypocrisie nationale. Tant que les trafics restent « discrets », tant qu’ils ne laissent pas de cadavres visibles, la société détourne le regard. Comme si l’absence de violence visible justifiait l’acceptation tacite du commerce illégal. Jusqu’au jour où une rafale de kalachnikov réveille tout le monde. Alors on s’indigne, on réclame des moyens, et on oublie aussitôt. Cette tolérance silencieuse est une complicité involontaire. Elle nourrit le monstre qu’on prétend combattre.
Mais ce monstre prospère aussi grâce à nos choix politiques et économiques. En sacrifiant la sécurité sur l’autel de l’efficience, nous avons ouvert des brèches. Moins de contrôles douaniers pour fluidifier les échanges, moins de vigilance financière au nom de la compétitivité. Résultat : des conteneurs pleins de cocaïne passent entre les mailles, des fortunes criminelles circulent dans nos circuits bancaires. On a privilégié la vitesse à la vigilance, et nous payons aujourd’hui le prix fort.
Je refuse d’accepter que l’État se résigne à perdre cette bataille. Il faut une stratégie claire : un parquet national anti-stupéfiants pour concentrer les forces judiciaires, une transparence financière totale pour couper les veines du blanchiment, des coopérations européennes fortes pour reprendre le contrôle des ports, et surtout une politique sociale qui arrache les jeunes aux griffes des réseaux. Parce que la souveraineté, ce n’est pas seulement défendre des frontières : c’est protéger chaque citoyen·ne de l’emprise d’un autre pouvoir.
Nous n’avons plus le luxe de l’ignorance. Le crime organisé n’attend pas. Il avance, méthodique, déterminé. À nous de choisir : voulons-nous un État souverain, ou un État spectateur ?
Références principales
– Sénat, Rapport d’enquête sur l’impact du narcotrafic en France, 7 mai 2024
– Sénat, Rapport sur la lutte contre la criminalité organisée, 22 janvier 2025
– Assemblée nationale, Rapport d’information sur les trafics, 17 février 2025
– Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), Note de synthèse, 27 janvier 2025







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