Comprendre Les Racines De L’Insécurité
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Lorsque je parle de la Corse, je pense à une île de beauté, de culture et de mémoire. Pourtant, derrière ce paysage magnifique se cache une réalité préoccupante : la recrudescence des actes criminels. Des incendies criminels aux règlements de comptes, les Corses vivent avec une forme de banalisation de la violence. Ce climat entraîne une inquiétude profonde : comment restaurer la sécurité et la confiance citoyenne ?
Je souhaite ici partager une réflexion claire, structurée et bienveillante, en m’appuyant sur des faits établis et sur des pistes d’action concrètes.
Face à la banalisation des violences, il faut d’abord comprendre pourquoi elles semblent parfois « normales ». Cette impression vient de leur répétition, mais aussi d’un silence qui s’installe par peur des représailles. J’ai rencontré des personnes qui me disent : « Ici, on ne parle pas, on baisse la tête ». Pour contrer cela, il faut briser l’omerta : par des campagnes éducatives dans les écoles, par la sensibilisation à la citoyenneté et par un soutien visible aux témoins et aux victimes. Comme en Italie, où l’éducation anti-mafia est intégrée au programme scolaire, la Corse pourrait faire de la prévention un pilier de sa société.
Le deuxième défi repose sur la justice et la sécurité. Le taux d’élucidation des crimes reste limité, ce qui alimente un sentiment d’impunité. Les enquêtes complexes, liées au blanchiment et aux réseaux, exigent des moyens renforcés. L’annonce d’un pôle antimafia en Corse est une avancée, mais il faudra le doter de ressources humaines et financières réelles. Concrètement, cela signifie des magistrat·e·s protégés, des enquêteurs et enquêtrices formés et une coopération plus étroite avec les juridictions spécialisées.
Les victimes, quant à elles, ne doivent plus rester seules face à leurs blessures. Derrière chaque entreprise incendiée ou chaque menace d’extorsion, il y a des femmes et des hommes qui perdent leur outil de travail et leur confiance dans l’avenir. Des dispositifs existent, comme les associations d’aide aux victimes ou le programme EVVI, mais ils doivent être renforcés. L’État et la Collectivité de Corse pourraient créer des cellules locales de soutien, combinant aide psychologique, juridique et économique. Offrir un accompagnement rapide et concret, c’est envoyer un message fort : « Nous sommes à vos côtés ».
La lutte contre les pratiques mafieuses est un autre enjeu central. Le droit français pourrait évoluer pour mieux sanctionner l’« association mafieuse », à l’image de ce qui existe en Italie. La confiscation et la réutilisation sociale des biens acquis par le crime, par exemple en les transformant en lieux culturels ou en espaces associatifs, auraient une valeur symbolique et pratique immense. Ces mesures rappelleraient que la société reprend ce que le crime lui a volé.
Le rôle de l’État reste évidemment décisif. Sa responsabilité régalienne est de garantir la sécurité, la justice et le soutien aux collectivités locales. Mais cela ne doit pas se limiter à des annonces ponctuelles. Il faut un plan pluriannuel mesurable, élaboré en partenariat avec la Collectivité de Corse et la société civile. Sans continuité et sans transparence, la méfiance s’installera davantage.
Enfin, je ne peux pas parler d’avenir sans évoquer la jeunesse. Beaucoup de jeunes Corses hésitent à entreprendre ou choisissent l’exil par peur de la violence. Restaurer leur confiance passe par des incubateurs sécurisés, des microcrédits garantis et une mise en valeur des initiatives locales. Leur dire : « Vous pouvez construire ici un avenir digne et sûr », c’est leur ouvrir une autre voie que celle de la résignation.
L’insécurité en Corse n’est pas une fatalité. Elle appelle à une mobilisation collective : citoyen·ne·s, institutions, associations et État. En refusant la banalisation, en soutenant les victimes, en réformant le droit et en donnant espoir à la jeunesse, nous pouvons transformer cette crise en un élan d’unité et de reconstruction.







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