Les petits billets de Letizia

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Je ne peux rien enseigner à personne, Je ne peux que les faire réfléchir. (Socrate 470/399 A.JC)

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L’Écriture Inclusive Comme Acte De Résistance

L’Écriture Inclusive Comme Acte De Résistance

Écrire Pour Voir Et Être Vu·e

Adopter le Point Médian et les Doublets Transforme les Représentations et Combat l’Invisibilisation

Depuis mes débuts d’autrice, j’ai refusé de me plier à la règle absurde qui prétend que « le masculin l’emporte sur le féminin ». Une règle inventée au XVIIe siècle, portée par une poignée de grammairiens, devenue loi implicite d’invisibilisation. Chaque fois que je lis une annonce qui s’adresse « aux étudiants », je ne peux m’empêcher de ressentir une violence discrète, mais constante : je n’y suis pas. Et si je n’y suis pas dans les mots, suis-je vraiment là dans l’imaginaire collectif ?

On me dit que le masculin est neutre. Les faits disent le contraire. Les psycholinguistes le répètent : quand on lit « les Français », on imagine des hommes, rarement des femmes. Les études sont accablantes : le masculin générique ne neutralise pas, il efface. On me répond que c’est la tradition, que « c’est comme ça qu’on parle ». Mais la tradition n’a jamais été une excuse valable pour perpétuer une injustice.

J’ai choisi le point médian, les doublets, les accords de proximité. J’ai choisi de multiplier les chemins pour rendre visible la pluralité des existences. Oui, parfois le point médian dérange. On le dit illisible, on l’accuse de brouiller la langue. Mais qui s’inquiète de l’illisibilité sociale qui consiste à rayer la moitié de l’humanité d’un texte ? Qui s’inquiète des enfants qui lisent dans leurs manuels scolaires « les inventeurs », et se disent, en silence : ce n’est pas pour moi ?

L’écriture inclusive est un miroir brisé que certain·e·s refusent de regarder. On m’oppose l’Académie française, comme si son autorité immuable pouvait remplacer la réalité des usages et des luttes. On brandit des circulaires ministérielles, des votes sénatoriaux, comme si légiférer sur les mots pouvait effacer la force des voix. Pourtant, dans les entreprises, dans les médias, dans des institutions plus audacieuses, l’écriture inclusive existe déjà. Elle avance à petits pas, malgré les interdits.

Je ne suis pas naïve. Je sais que l’écriture inclusive ne suffira pas à renverser l’inégalité salariale, le sexisme ordinaire ou les violences de genre. Mais elle agit là où tout commence : dans les représentations. Les mots sont des semences : ils façonnent les paysages mentaux, ils ouvrent ou ferment les horizons. Refuser de les transformer, c’est entretenir le champ de l’inégalité.

On dit que l’écriture inclusive complique la langue. Mais la langue n’a jamais cessé d’évoluer : elle s’est enrichie de nouveaux mots, de nouvelles structures, de nouveaux usages, sans jamais mourir. Ceux qui crient à sa disparition sont les mêmes qui s’indignaient hier de voir entrer « ordinateur », « selfie » ou « courriel ». La langue n’est pas fragile : ce sont les privilèges qui le sont.

Alors oui, je continuerai d’écrire « celleux », d’accorder les adjectifs selon la proximité, de recourir au pronom « iel » quand il s’impose. Je continuerai à être cette voix féministe qui refuse l’invisibilité grammaticale. Parce que refuser de nommer, c’est refuser d’exister. Et je n’ai pas l’intention de disparaître dans un pluriel masculin qui ne m’a jamais représentée.


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Une réponse à « L’Écriture Inclusive Comme Acte De Résistance »

  1. Avatar de kaika

    Je comprends le principe mais j’ai du mal à appliquer. Pour autant, je ne refuse pas le dialogue et lis les textes (avec difficulté j’avoue, peut-être par manque d’habitude, il y en a si peu). Mais delà à écrire avec une écriture inclusive, ce ne sera pas facile pour moi.

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