Les petits billets de Letizia

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Je ne peux rien enseigner à personne, Je ne peux que les faire réfléchir. (Socrate 470/399 A.JC)

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La Marchandisation Du Cœur Associatif

La Marchandisation Du Cœur Associatif

Quand L’État Transforme L’Engagement En Marchandise

La Mort Silencieuse De L’Intérêt Général

Je n’en peux plus d’entendre que les associations doivent « se professionnaliser ». Comme si la solidarité devait désormais rentrer dans les cases d’un tableur Excel. Comme si la compassion avait besoin d’un business plan. Ce que j’observe, c’est une lente asphyxie, une mise sous perfusion du tissu associatif français, étranglé entre austérité budgétaire et logique marchande.

Depuis des années, l’État délègue, sous-traite, privatise. Les subventions fondent comme neige au soleil, pendant que les appels d’offres pleuvent comme des couperets. Les associations ne sont plus reconnues pour ce qu’elles incarnent : des lieux d’engagement, de lien social, de respiration démocratique. Non. On les somme de devenir des « prestataires ». De se battre contre des entreprises privées pour gérer la pauvreté, l’exclusion, la culture. Voilà où nous en sommes : l’intérêt général livré au plus offrant.

Je vois des président·e·s d’associations obligés de passer plus de temps à remplir des dossiers de financement qu’à aider les personnes qu’iels sont censé·e·s accompagner. Les valeurs se noient dans la paperasse. Les bénévoles se découragent. Les salarié·e·s s’épuisent sous la double peine : précarité et culpabilité. On leur dit qu’il faut « faire plus avec moins ». Mais moins, c’est déjà trop peu.

Le pire ? L’État, au lieu de soutenir, contrôle. Avec le contrat d’engagement républicain, il impose une loyauté administrative sous couvert de valeurs. Une main donne, l’autre muselle. Si vous critiquez une politique publique, votre subvention peut sauter. La liberté associative, conquête essentielle de notre démocratie, devient conditionnelle. On n’aide plus qui parle trop fort. On récompense qui se tait.

Pendant ce temps, les associations paient la taxe sur les salaires, sans bénéficier des dispositifs réservés aux entreprises innovantes. On les traite comme des acteurs économiques… sauf quand il s’agit de leur accorder les mêmes droits. Injustice économique, absurdité politique. À force de les pousser vers la logique du marché, on les transforme en ce qu’elles n’ont jamais voulu être : des entreprises sans profits, mais avec toutes leurs contraintes.

Cette dérive n’est pas une fatalité. D’autres pays européens ont fait un choix inverse : financer durablement le secteur associatif, reconnaître son rôle comme pilier du bien-être collectif. Pourquoi la France s’obstine-t-elle à fragiliser celleux qui tiennent le pays debout quand tout s’effondre ?

Je n’écris pas seulement par colère, mais par fidélité. Fidélité à cette idée simple et puissante : l’intérêt général ne se vend pas, il se défend. Si nous laissons la logique marchande coloniser le cœur du monde associatif, nous perdrons plus qu’un modèle économique : nous perdrons un modèle de société.

Références principales utilisées :

Haut Conseil à la Vie Associative, Bilan de la vie associative 2023–2024, publié en 2025.

Observatoire Citoyen de la Marchandisation des Associations, Rapport 2023–2025.

Le Monde, Le contrat d’engagement républicain, outil controversé de contrôle associatif, 9 avril 2025.

Service-Public.fr, Fiche pratique sur la taxe sur les salaires : applicable aux associations, mise à jour 2025.


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