Les petits billets de Letizia

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Je ne peux rien enseigner à personne, Je ne peux que les faire réfléchir. (Socrate 470/399 A.JC)

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Pourquoi Dois-Je Constamment Prouver Ma Valeur ?

Pourquoi Dois-Je Constamment Prouver Ma Valeur ?

Le Poids Des Structures Patriarcales Dans Le Monde Professionnel

Vers Un Travail Plus Juste Et Inclusif

Je me pose souvent cette question : pourquoi, encore aujourd’hui, tant de femmes doivent-elles sans cesse démontrer leur compétence dans un monde professionnel qui semble avoir été façonné sans elles ? Cette exigence de légitimité permanente ne relève pas d’un hasard, mais d’un héritage historique et culturel profondément ancré : celui du patriarcat, qui continue d’imprégner les structures du travail, de la hiérarchie et de la reconnaissance.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En France, les femmes gagnent en moyenne 22 % de moins que les hommes, tous temps de travail confondus. À poste équivalent, un écart d’environ 14 % persiste. Ces différences ne s’expliquent ni par le mérite ni par la compétence, mais par des biais systémiques et des stéréotypes de genre persistants. Ces derniers influencent non seulement la rémunération, mais aussi la perception des capacités et des ambitions professionnelles.

Dès l’école, les jeunes filles sont orientées vers des domaines jugés « féminins » : les lettres, l’éducation ou le soin. Les filières scientifiques et techniques restent majoritairement masculines, non pas par manque d’intérêt ou de talent, mais à cause de représentations sociales qui valorisent certaines qualités dites « masculines »rigueur, leadership, rationalité – et minimisent d’autres, considérées comme « féminines »écoute, empathie, coopération. Comme le rappelle l’enquête de l’association Elles Bougent, « les femmes sont régulièrement découragées de poursuivre des carrières scientifiques » (Elles Bougent, 2024). Ce conditionnement culturel, souvent inconscient, crée une inégalité d’accès dès les premières étapes de la vie professionnelle.

Au sein des entreprises, le patriarcat s’exprime aussi dans la structure même du travail. Les critères de réussite ont longtemps été conçus selon des normes masculines : disponibilité illimitée, absence de contraintes familiales, valorisation de la performance individuelle au détriment du collectif. Dans ce modèle, les femmes qui prennent un congé maternité ou adaptent leur emploi du temps sont perçues comme « moins investies ». Celles qui adoptent une posture affirmée sont, à l’inverse, jugées « trop autoritaires ». Cette double contrainte traduit un déséquilibre profond entre la reconnaissance du travail et les réalités de la vie.

Le patriarcat repose sur un ensemble d’attentes implicites. Les femmes doivent faire preuve de compétence sans faille tout en se conformant à des standards de comportement qui les maintiennent dans une forme de docilité institutionnelle. Comme l’écrit la philosophe Geneviève Fraisse, « le consentement des femmes est souvent une réponse à l’absence de pouvoir ». Cette observation met en lumière la manière dont les structures sociales façonnent les attitudes professionnelles, souvent au détriment de l’autonomie et de la visibilité des femmes.

Certains pays européens, notamment les pays nordiques, montrent qu’un autre modèle est possible. En Suède ou en Finlande, la transparence salariale, le partage équitable des congés parentaux et la valorisation des compétences collaboratives ont permis de réduire sensiblement les écarts de rémunération et d’accès à la direction. Ces politiques ne visent pas seulement à « corriger » des injustices, mais à redéfinir le sens même du travail : un espace de contribution collective et d’épanouissement humain, non un champ de compétition genrée.

Je crois profondément qu’il est temps de repenser le monde du travail. Cela passe par une révision des critères d’évaluation, une meilleure conciliation entre vie personnelle et professionnelle, et une réelle reconnaissance des compétences diverses. Il s’agit de transformer non seulement les lois, mais aussi les mentalités. Pour que les femmes n’aient plus à prouver qu’elles méritent leur place, mais puissent simplement la vivre.

En réinventant nos structures professionnelles, nous réaffirmons une valeur essentielle : l’égalité n’est pas une faveur accordée, mais un droit fondamental. Et ce droit ne se négocie pas, il se garantit.

Références principales

Observatoire des inégalités, « Femmes et hommes : les inégalités de salaires persistent », 2024.

Le Monde, « De l’école à l’entreprise, les femmes toujours découragées de faire carrière dans les métiers scientifiques », 2024.

CFE-CGC, « Reconnaissance et satisfaction au travail : les disparités persistent », 2025.

Euronews, « Les pays européens les plus avancés en matière d’égalité », 2025.


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