Un Phénomène Qui Dévore Le Sens
Réveiller La Vigilance Collective
Je croyais, comme tant d’autres, que le féminisme était une lumière. Or je le vois parfois transformé en arme. Une arme qui creuse le fossé, justifie l’exclusion, légitime la peur. C’est cette étrange métamorphose que j’interroge ici – non pour pointer du doigt, mais pour réveiller une conscience.
Lorsque j’ai vu une banderole lire, dans un cortège officiel : « Violeurs étrangers dehors », mon cœur a bondi. Ce n’était plus une revendication féministe. C’était une dérive identitaire. C’est dans ce fracas que j’ai décidé d’explorer l’instrumentalisation du féminisme par l’extrême droite, ses stratégies de séduction, ses mutations feutrées et ses dangers pour toutes et tous.
La source centrale de ma réflexion s’appuie sur une enquête récente sur le collectif Némésis (2024) – un « féminisme identitaire » qui stigmatise l’immigration tout en affichant des revendications de protection des femmes. J’y ajoute l’analyse théorique du concept de « fémonationalisme » (Farris, 2017) et les travaux de François Debras (2023) sur les discours féministes des partis d’extrême droite, ainsi que les enquêtes journalistiques décrivant les stratégies de communication déployées.
Je découpe ma réflexion selon le choix de l’appropriation plutôt que de la simple condamnation : comprendre les tactiques, les imageries, les glissements.
Le collectif Némésis se présente comme rempart des femmes, tout en inversant la charge des violences vers l’« étranger ». Il infiltre les manifestations féministes, brandit des slogans agressifs, manipule l’émotion pour masquer son agenda nationaliste. Ses militantes s’opposent à l’islam, aux droits des personnes trans et à des formes progressistes du féminisme. Ce n’est pas féminisme. C’est une instrumentalisation.
Ce glissement est d’autant plus pernicieux qu’il floute notre regard. Quand un discours se pare de la cause des femmes, qui osera s’y opposer sans paraître antiféministe ? J’ai observé – sur X, Instagram, TikTok – les récits viraux qui prennent des victimes comme étendard, juxtaposant faits divers et construction identitaire. Le danger : faire oublier que l’égalité n’est pas une chasse à l’autre, mais un combat collectif.
Je refuse le paradoxe où la féminisation de l’extrême droite deviendrait preuve de progrès. Des femmes, oui – mais pour servir une cause qui nie la pluralité. Leur présence est décorative, parfois cynique. Ce mouvement séduit une jeunesse en mal de sens, en quête d’une foi identitaire qui se réclame des droits des femmes. Mais l’égalité véritable ne se conquiert pas par la haine d’une minorité.
Oui, j’ai ressenti de la colère. Car je sais ce que le féminisme a apporté : des vies transformées, des combats conquérants. Je refuse qu’on réduise ces luttes à un écran de fumée. Ce faux féminisme érode la confiance que la société doit accorder aux combattantes de l’égalité.
Ne tombons pas dans le piège de l’indifférence. Restons exigeantes, exigeants. Lisons les manifestes, scrutons les alliances invisibles, déconstruisons les slogans. La lutte féministe ne tolère pas qu’on la détourne. Elle mérite d’être défendue – en toute clarté, sans compromission.
Et vous, devant ces glissements – appelez-vous silence ou révolte ? Partagez votre vision, vos doutes, vos récits.







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