Les petits billets de Letizia

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Je ne peux rien enseigner à personne, Je ne peux que les faire réfléchir. (Socrate 470/399 A.JC)

Consentement Sexuel Dans La Loi : Quand Le RN Montre Son Vrai Visage

Une Fracture Politique Révélatrice Des Valeurs Du RN

Entre Peur Du Changement Et Quête De Justice

En France, le débat sur la définition du viol a récemment ressurgi avec force. Une proposition de loi, soutenue par une large majorité transpartisane, visait à inscrire explicitement la notion de non-consentement dans le Code pénal. Une réforme attendue, saluée comme un pas décisif vers la reconnaissance du consentement comme pilier de la justice sexuelle. Pourtant, face à ce consensus rare, le Rassemblement National et ses allié·e·s ont choisi le refus. Leurs arguments, invoquant le risque d’une « société de méfiance » et d’un « bouleversement des équilibres », résonnent comme un écho d’un autre temps, celui où le silence valait acceptation.

Le contraste est saisissant. D’un côté, une majorité politique qui s’accorde enfin à reconnaître la parole des victimes et à moderniser le droit. De l’autre, une extrême droite arc-boutée sur une vision patriarcale et frileuse de la société. Ce refus, au-delà de sa portée législative, dit quelque chose de profond sur la manière dont une partie du champ politique conçoit le corps, la liberté et la responsabilité.

Depuis plus d’une décennie, plusieurs pays européens – la Suède, l’Espagne ou l’Allemagne – ont redéfini le viol autour de la notion de consentement explicite. Ces réformes n’ont pas plongé leurs sociétés dans la suspicion généralisée que certains redoutaient ; elles ont, au contraire, renforcé la confiance en la justice et la reconnaissance des droits fondamentaux. En France, le débat semble encore hésiter entre prudence juridique et frilosité morale. Il faut dire que le changement, lorsqu’il touche à l’intime, effraie plus que tout.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit : du droit pour chaque individu, femme ou homme, de disposer de son corps sans ambiguïté. L’extrême droite, en prétendant protéger la « liberté relationnelle », confond liberté et domination. Elle feint d’ignorer que le silence n’est pas un oui, et que l’absence de résistance ne saurait être interprétée comme un consentement. Dans ce contexte, la loi ne crée pas la méfiance ; elle la prévient. Comme l’écrivait Hannah Arendt, « la plus radicale révolution de l’histoire moderne fut simplement la libération de la peur ». Peut-être est-ce justement cette peur que la réforme veut conjurer : celle du regard des victimes, celle d’une société qui apprend enfin à dire non.

Au-delà de la joute parlementaire, la question du consentement interroge notre rapport collectif au respect, à la responsabilité et à l’écoute. Inscrire le non-consentement dans la loi, c’est aussi reconnaître les zones grises de nos comportements, admettre que le désir ne peut exister sans réciprocité et que la liberté s’arrête là où commence la contrainte. C’est un apprentissage collectif, une éducation au respect mutuel qui commence dès l’enfance et s’étend à tous les espaces de la vie publique.

L’extrême droite redoute une « révolution des mœurs » ; elle a raison, mais elle se trompe d’adversaire. Ce n’est pas une révolution contre les hommes, mais une révolution pour l’humanité. Dans un pays où une personne subit une agression sexuelle toutes les deux minutes, l’inaction n’est plus une option. La loi, si elle ne peut tout changer, trace au moins la frontière entre le consentement et l’abus. Elle marque une évolution morale plus qu’une simple réforme pénale.

Reste à savoir si cette prise de conscience sera suivie d’une transformation culturelle réelle. Car la loi ne suffit pas : il faut des mots, de l’éducation, du dialogue. Le consentement ne s’impose pas par décret, il se cultive. Il naît de la confiance, du respect et de l’égalité. C’est là, sans doute, le véritable enjeu : bâtir une société où la parole ne s’éteint pas dans la peur, mais s’élève dans la dignité.

« Rien n’est plus puissant qu’une idée dont l’heure est venue ». écrivait Victor Hugo. Cette idée-là, celle du respect du consentement, semble enfin frapper à la porte de notre conscience collective. À nous, citoyen·ne·s, d’y répondre, sans peur et sans détour.

Références

  1. Débats parlementaires sur la proposition de loi relative au consentement, 2025
  2. Rapport du Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes, 2024
  3. Étude comparative des législations européennes sur les violences sexuelles, 2023
  4. Analyse sociologique du Rassemblement National et du discours sur le genre, 2022

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