Ou Comment Un Tabou Se Fait La Belle
Et Pourquoi Tout Le Monde En Parle Sans Rougir (Ou Presque)
Il paraît que la France traverse une révolution silencieuse. Non, pas sociale ni politique, rassurez-vous, mais anatomique. Les hommes, jadis fiers de leur virilité monolithique, découvrent aujourd’hui un territoire jusque-là réservé aux guides de spéléologie. « 52 % d’entre eux auraient déjà exploré la face cachée de la masculinité », nous disent les études. Une moitié de la France masculine a donc décidé que le plaisir n’avait pas de sens unique. Les autres attendent probablement l’autorisation du Pape ou un mode d’emploi Ikea.
(J’ai toujours pensé que la masculinité se montait un peu comme une étagère Billy : sans notice, ça finit forcément bancal.)
Cette soudaine passion pour la prostate, autrefois aussi taboue qu’un débat sur les impôts en famille, fait sourire et réfléchir. On découvre que les hommes qui acceptent la pénétration anale sont aussi ceux qui vont plus volontiers se faire dépister du cancer colorectal. « Il aura donc fallu une histoire de fesses pour qu’ils s’occupent enfin de leur colon ». Avouons-le : la santé publique n’a jamais eu slogan plus percutant. Si l’humour sauve des vies, celui-ci pourrait bien valoir une campagne nationale.
(Imaginez le spot : “Pour votre santé, riez et respirez par le bon orifice.”)
Mais comme toute révolution française digne de ce nom, celle-ci divise. D’un côté, les progressistes, armés de lubrifiant et de lectures féministes ; de l’autre, les conservateurs, convaincus que la virilité s’arrête à la ceinture. Certains milieux politiques et religieux voient dans cette exploration intime une menace pour l’ordre du monde. Après tout, si les hommes commencent à aimer ce qu’ils redoutaient, où va-t-on ? À quand la fin des blagues de vestiaire et le partage du pouvoir émotionnel ? Comme le disait si bien Simone de Beauvoir : « On ne naît pas homme, on le devient ». Certains le deviennent, manifestement, par la porte de derrière.
(Et ce n’est pas un jugement, c’est une observation anatomico-philosophique.)
Pendant ce temps, les femmes, elles, rient doucement. Car leur rôle dans cette aventure mérite une médaille. Ce sont elles qui, souvent, proposent, rassurent, guident, et parfois même mènent l’expédition. « La parité, c’est aussi savoir qui tient le plug ». Les couples hétéros découvrent un nouveau terrain de jeu, moins hiérarchique, plus complice. Derrière la plaisanterie, c’est une leçon d’égalité qui se dessine : le plaisir ne connaît ni genre, ni dogme, ni hiérarchie de pénétration.
(Et pour une fois, la France avance sans manifester.)
Même le marché s’y met : sextoys, guides et marques de luxe rivalisent d’élégance pour faire du plaisir anal un art de vivre à la française. On ne parle plus de gadgets honteux, mais d’objets design, présentés comme on vanterait un bon Bordeaux : subtil, corsé, et à déguster avec modération. L’humour devient un outil de pédagogie ; le rire, une arme de déconstruction massive. Après tout, si le rire est le propre de l’homme, pourquoi ne pas l’étendre à tout son corps ?
(Pierre Desproges aurait adoré cette époque où le postérieur sert enfin à penser.)
Au fond, cette révolution du plaisir masculin n’est pas qu’une affaire de chair : c’est un grand pas pour l’humanité, et un petit pour la pudeur. Elle nous apprend que le courage, parfois, consiste simplement à oser parler de ce qui se passe… derrière. Comme le disait Oscar Wilde, « Le sérieux, c’est la politesse du désespoir ». Alors rions-en, tant qu’il nous reste un peu d’autodérision et de curiosité. Et qui sait ? Peut-être qu’en acceptant de regarder nos tabous en face, on finira par s’asseoir plus confortablement sur nos certitudes.
(Au propre comme au figuré.)
Références
- Enquête Ifop – « L’anal, c’est banal ? La sexualité anale à l’ère de la déconstruction masculine », 2025.
- Santé publique France – « Programme de dépistage du cancer colorectal », 2024.
- Ministère de l’Éducation nationale – « Éducation à la vie affective et sexuelle », 2025.
- Le Monde – « La SexTech française : entre innovation et libération », 2024.








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