Les petits billets de Letizia

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Je ne peux rien enseigner à personne, Je ne peux que les faire réfléchir. (Socrate 470/399 A.JC)

Féminisme Vs Masculinisme : Pourquoi L’égalité Ne Peut Pas Être Une Menace

Entre Lutte D’émancipation Et Réaction Défensive

Une Réflexion Sur Les Rapports De Pouvoir Et Le Mythe De La Symétrie

Le débat autour du féminisme et du masculinisme prend une ampleur nouvelle dans nos sociétés contemporaines. D’un côté, un mouvement séculaire d’émancipation qui a permis aux femmes d’accéder à des droits fondamentaux. De l’autre, un courant récent se présentant comme une défense des hommes, souvent dans un contexte de crispation identitaire. « Quand les privilèges sont remis en question, l’égalité ressemble à une oppression », disait un sociologue canadien pour décrire cette dynamique. Cette phrase résume parfaitement l’enjeu de notre époque : le féminisme n’est pas le miroir du masculinisme, car les deux ne reposent ni sur les mêmes fondements ni sur les mêmes réalités sociales.

(Ce texte s’inscrit dans une réflexion sur l’évolution des rapports de genre en France et en Occident.)

Le féminisme est né de l’expérience vécue de l’injustice : exclusion du suffrage, dépendance économique, violence domestique, effacement symbolique. Depuis Olympe de Gouges jusqu’à Gisèle Halimi, les femmes ont mené des combats essentiels pour exister pleinement dans la cité. Ces luttes se sont appuyées sur des faits mesurables : écart salarial, violences sexistes, sous-représentation dans la politique ou l’économie. Aujourd’hui encore, les femmes représentent moins d’un tiers des postes de direction et continuent de subir des discriminations ordinaires au travail ou dans l’espace public. Le féminisme demeure donc un projet politique légitime : il ne cherche pas à inverser la domination, mais à l’abolir.

(C’est une quête universelle d’égalité et de dignité humaine.)

Face à cette dynamique, le masculinisme se veut une réponse, mais il s’enracine dans une tout autre logique. Son discours repose sur la peur d’une perte de repères et d’une supposée « crise de la masculinité ». On y dénonce la « diabolisation » des hommes ou une prétendue « hégémonie féministe », alors même que la majorité des lieux de pouvoir restent masculins. Ce n’est pas une lutte contre une oppression structurelle, mais une réaction à la remise en cause des privilèges historiques. Ce courant se nourrit d’une confusion entretenue : il transforme la notion d’égalité en menace, comme si reconnaître les droits des femmes revenait à nier ceux des hommes. Pourtant, la libération d’un genre ne peut qu’enrichir l’autre.

(Le féminisme n’exclut pas les hommes, il les invite à partager le pouvoir autrement.)

Cette asymétrie fondamentale entre féminisme et masculinisme mérite d’être rappelée : le premier s’appuie sur des données tangibles et des injustices objectives ; le second s’enracine dans un ressenti subjectif. L’un dénonce des structures oppressives, l’autre défend une position symboliquement dominante. La prétendue symétrie entre ces deux mouvements est une illusion dangereuse : elle entretient l’idée que la conquête de droits par les femmes aurait créé une « injustice inversée ». Or, aucun indicateur social, économique ou politique ne montre une oppression systémique envers les hommes.

(La vraie symétrie se trouve dans le partage des libertés, pas dans la compétition des souffrances.)

Les enjeux dépassent la simple opposition de discours. Ils touchent à la cohésion sociale, à la justice économique, à la démocratie elle-même. Tant que les structures de pouvoir resteront dominées par les hommes, parler d’un « déséquilibre anti-masculin » relève du contresens. C’est pourquoi éduquer à l’égalité, dès l’école, constitue une urgence : apprendre aux jeunes à reconnaître les privilèges, à questionner les stéréotypes et à envisager des masculinités plus inclusives. Les médias et les réseaux sociaux ont, eux aussi, un rôle essentiel : celui de contrer la désinformation et les discours de haine qui nourrissent les idéologies masculinistes.

(L’égalité n’est pas une guerre des sexes, c’est une condition de la paix sociale.)

Au fond, ce débat révèle une question essentielle : voulons-nous une société d’équilibre ou une société de revanche ? Le féminisme propose un horizon commun, où chaque individu – femme, homme, ou personne non binaire – puisse vivre sans hiérarchie imposée par le genre. La résistance masculiniste, elle, traduit la peur d’un monde plus juste. C’est pourtant vers ce monde que nous devons tendre. Car l’égalité n’a jamais été une menace ; elle est une promesse. « L’avenir du féminisme n’est pas contre les hommes, il est avec eux », écrivait Simone de Beauvoir. À nous de rendre cette promesse réelle, dans nos institutions, nos écoles et nos vies quotidiennes.

(Et si nous choisissions enfin de partager le pouvoir plutôt que de le craindre ?)


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