Les petits billets de Letizia

Un blog pour donner à réfléchir, pas pour influencer… #SalesConnes #NousToutes


Je ne peux rien enseigner à personne, Je ne peux que les faire réfléchir. (Socrate 470/399 A.JC)

La Grande Sécu : Une Utopie Ou Une Nécessité Pour Sauver Notre Modèle Social ?

Ma Réflexion Sur Le Sujet

Quand La Solidarité Devient Le Dernier Rempart

Il est des idées qui, comme un souffle ancien, réveillent la mémoire d’un peuple. La Sécurité sociale en fait partie. Elle n’est pas qu’une institution : elle est une promesse, un serment collectif murmurant depuis 1945 que nul, jamais, ne sera laissé au seuil du soin. Pourtant, cette promesse s’effrite. Sous les chiffres et les réformes, c’est un idéal qui vacille, et je ne peux m’empêcher de me demander : que reste-t-il de cette grande idée française ?

(C’est là, dans le frémissement de cette interrogation, que naît mon attachement à la justice sociale.)

Je contemple notre modèle social avec respect et inquiétude. Respect pour sa force : celle d’avoir bâti un système où la santé n’est pas un privilège mais un droit. Inquiétude, car cette promesse d’universalité semble aujourd’hui encombrée par ses propres rouages. Deux acteurs pour un même bien commun : la Sécurité sociale et les complémentaires santé. Deux piliers devenus rivaux. Ce partage, que l’on voulait harmonieux, s’est transformé en fardeau administratif, en labyrinthe d’inégalités.

Les chiffres, eux, parlent sans détour. Pour 100 euros cotisés, la Sécurité sociale en restitue 96, quand les complémentaires n’en rendent que trois quarts à leurs assurés. L’écart est abyssal ; il sonne comme un avertissement. Et que dire de ces 2,5 millions de Françaises et de Français sans complémentaire santé ? Ce n’est plus un détail statistique : c’est une fracture humaine. Une injustice silencieuse qui traverse notre modèle social comme une faille sous un monument.

(Chaque chiffre cache un visage, chaque pourcentage une histoire.)

Alors, je rêve d’un souffle nouveau. Non pas d’une table rase, mais d’une refondation. Vers une “Grande Sécu”, disent certain·es économistes : une Sécurité sociale élargie, plus simple, plus juste, plus solidaire. Ce mot – « grande » – me bouleverse. Il porte en lui la promesse de grandeur, non pas celle des puissants, mais celle du collectif, du commun. Victor Hugo écrivait : “C’est de l’enfer des pauvres qu’est fait le paradis des riches.” Il est temps d’inverser cette maxime, d’oser un système où la richesse collective devient l’armure des plus vulnérables.

Bien sûr, je sais les critiques. On parle de coût, de centralisation, de lourdeur bureaucratique. On agite la peur de l’État tentaculaire. Pourtant, n’est-ce pas déjà le coût de la complexité que nous payons ? Des frais de gestion qui grimpent, des doublons qui se multiplient, des ménages qui peinent à suivre. À vouloir ménager la chèvre et le chou – la solidarité et le marché – nous avons créé un mille-feuille dont les couches étouffent la simplicité originelle.

(L’efficacité ne naît pas de la concurrence, mais de la clarté.)

Au-delà des frontières, d’autres modèles nous tendent un miroir. L’Allemagne mutualise mieux, le Royaume-Uni centralise plus, l’Italie préserve le lien humain par la proximité. Chacun a trouvé un équilibre entre efficacité et solidarité. Et nous, pays de la fraternité, que faisons-nous de notre idéal ? Le débat n’est pas technique : il est moral. Il s’agit moins de chiffres que de choix. Souhaitons-nous un système qui rembourse, ou un système qui protège ?

Je ne crois pas aux réformes tièdes. Ce qui se joue ici n’est pas une simple révision budgétaire, mais une question de civilisation. Redonner souffle à la Sécurité sociale, c’est rappeler que la santé est un bien sacré, que le soin n’est pas une marchandise. C’est retrouver la noblesse d’un mot trop galvaudé : solidarité.

Alors oui, j’ose le dire : la « Grande Sécu » n’est pas une utopie. Elle est une nécessité, un appel à la cohérence et à la dignité. Si elle effraie, c’est qu’elle dérange l’habitude ; si elle inspire, c’est qu’elle réveille une mémoire. Et dans ce réveil se trouve peut-être la chance de renouer avec ce que la France a de plus grand : sa capacité à croire en l’humain.

(Parce qu’au fond, la vraie réforme n’est pas celle des chiffres, mais celle des consciences.)

Références principales :

  1. Panorama des Dépenses de Santé en France – DREES, 2024
  2. Rapport d’Information sur les Complémentaires Santé – Sénat, 2024
  3. Panorama de la Santé – OCDE, 2023
  4. Analyse des Frais de Gestion des OCAM – UFC-Que Choisir, 2024

En savoir plus sur Les petits billets de Letizia

Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.

Laisser un commentaire