Vers Une Gestion Durable Face Au Défi Climatique
Solutions Durables, Résilience Écologique et Actions Publiques pour Préserver nos Poumons Verts en France
Je garde encore en mémoire ces paysages de Corse, traversés à la Toussaint : des collines jadis verdoyantes, aujourd’hui constellées de chênes-lièges morts. Ce spectacle de désolation m’a profondément marquée. Il symbolise à mes yeux la fragilité d’un patrimoine vivant que nous pensions éternel : nos forêts. En France, leur état se dégrade à un rythme inquiétant : mortalité doublée en dix ans, croissance ralentie, puits de carbone en déclin. Nous assistons, impuissant·e·s, à un effondrement silencieux. Pourtant, cet effondrement n’est pas une fatalité.
Nos forêts, longtemps perçues comme un refuge, subissent de plein fouet les effets du changement climatique. Les sécheresses à répétition, les canicules et les incendies fragilisent les arbres, les rendant plus vulnérables aux parasites et maladies. Les scolytes déciment les épicéas ; la chalarose ravage les frênes ; le chancre attaque les châtaigniers. C’est un cercle vicieux : le stress hydrique affaiblit les arbres, les parasites s’y installent, et la mortalité s’emballe. Dans certaines régions, les peuplements s’éteignent à une vitesse qui dépasse la capacité de régénération naturelle (source : ministère de l’Agriculture, rapport 2024).
En parallèle, la capacité des forêts à absorber le dioxyde de carbone, autrefois pilier de la lutte climatique, s’effrite. Alors qu’elles captaient plus de 60 millions de tonnes de CO₂ par an au début des années 2010, elles n’en fixent plus que 39 millions aujourd’hui. Nos forêts respirent moins, et nous en subissons les conséquences. Comme le rappelait l’écologue Jacques Tassin : « La forêt n’est pas seulement un décor ; c’est un être collectif dont la santé conditionne la nôtre ». (citation issue d’un entretien à France Info, 2023).
Face à cette réalité, beaucoup misent sur les coupes sanitaires pour limiter les infestations. Mais ces mesures d’urgence, souvent nécessaires, ne suffisent pas à restaurer l’équilibre perdu. Elles peuvent même aggraver la vulnérabilité des sols et réduire la biodiversité. Il nous faut donc repenser en profondeur notre rapport à la forêt : passer d’une logique de rendement à une logique de résilience.
Cela suppose des politiques publiques ambitieuses. Soutenir la recherche sur les essences résistantes, diversifier les peuplements, encourager les pratiques sylvicoles adaptées au climat futur. Le programme FORESTT, lancé dans le cadre de France 2030, s’inscrit dans cette voie en étudiant la résilience des forêts face aux stress multiples. Mais les moyens alloués restent insuffisants au regard de l’urgence. Nous devons renforcer ces efforts, impliquer davantage les territoires et conditionner les aides publiques à des pratiques réellement durables (source : Secrétariat général à la planification écologique, 2025).
Concilier exploitation et préservation est possible : certaines coopératives forestières expérimentent déjà la futaie irrégulière, qui favorise la diversité d’âges et d’essences ; d’autres intègrent des corridors écologiques pour maintenir la continuité biologique. Ces démarches, encore marginales, tracent la voie d’une économie forestière du vivant. Restaurer le rôle des forêts comme puits de carbone passe aussi par une meilleure valorisation du bois durable et par le prolongement de son stockage, via la construction ou l’artisanat local (source : Office français de la biodiversité, 2025).
Enfin, la mobilisation citoyenne demeure essentielle. Les forêts ne sont pas seulement l’affaire des experts, mais de toustes. Propriétaires, communes, associations, entreprises : chaque acteur·rice a un rôle à jouer dans la protection de ce bien commun. L’enjeu dépasse la simple adaptation : il s’agit d’un véritable changement de paradigme.
Aujourd’hui, nous devons choisir : continuer à gérer nos forêts comme une ressource à exploiter, ou les considérer comme un organisme vivant à préserver. Le temps d’agir, c’est maintenant. Si nous voulons que nos enfants puissent un jour se promener sous des chênes vivants plutôt que sous leurs ombres mortes, il nous faut changer de cap – ensemble. (Et si l’arbre, au lieu d’être coupé, devenait enfin notre meilleur allié ?)
Références principales :
- Rapport sur la mortalité forestière en France – Ministère de l’Agriculture, 2024
- État des forêts et puits de carbone – IGN, 2024
- Programme FORESTT – France 2030, 2025
- Étude sur la biodiversité forestière – Office français de la biodiversité, 2025








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