Les petits billets de Letizia

Un blog pour donner à réfléchir, pas pour influencer… #SalesConnes #NousToutes


Je ne peux rien enseigner à personne, Je ne peux que les faire réfléchir. (Socrate 470/399 A.JC)

,

Le Cirque De La Démocratie Française En Crise

Le Cirque De La Démocratie Française En Crise

Réparer La Démocratie Française

Sortir De L’Impasse Politique Et Redonner Du Sens Au Débat National

« La démocratie française se porte bien, merci pour elle ! » Du moins, si l’on considère qu’un hémicycle transformé en cirque, des élus en bateleurs, et des débats en concours d’imprécations constituent l’apogée du progrès politique. On y applaudit, on hue, on se filme, parfois même on pense : rarement plus de trente secondes, rassurez-vous. (Et pendant ce temps, la France cherche encore son cap, ses repères et son souffle démocratique.)

La scène nationale ressemble de plus en plus à une pièce de boulevard : entrées fracassantes, sorties théâtrales, et dialogues où la logique sert surtout de faire-valoir à la gesticulation. Les députés s’invectivent comme dans une querelle de palier, chacun jouant pour sa caméra et son électorat. L’économiste Yann Algan l’a résumé avec une élégance clinique : « Nous sommes aujourd’hui confrontés à une Assemblée-spectacle ». Le peuple, lui, observe le spectacle en silence – mi-fasciné, mi-lassé – avant de changer de chaîne. (Car la démocratie, c’est bien, mais pas si ça coupe le JT de 20 heures.)

Pendant ce temps, la confiance s’évapore. Seul un quart des Français·e·s déclarent encore croire à la politique, un score comparable à celui de la météo bretonne : imprévisible et souvent décevant. Ce fossé entre citoyens et élus n’est plus un gouffre ; c’est un canyon. On aurait presque envie de tendre une corde pour les aider à traverser, mais encore faudrait-il qu’ils sachent dans quel sens marcher.

La gauche, jadis phare du débat intellectuel, s’est muée en veilleuse économique : lumière faible, consommation réduite, mais facture toujours élevée. Elle parle de taxation des riches comme d’une potion magique, oubliant qu’un pays ne se réforme pas à coups de slogans. Taxer les riches, soit ; mais encore faut-il expliquer ce qu’on fera du produit de cette manne : investir, réformer, rêver ? L’idée d’un projet cohérent semble devenue aussi rare qu’un député lisant un rapport de la Cour des comptes.

Quant aux débats, leur vacuité rivalise avec celle des talk-shows nocturnes : on y crie, on y coupe la parole, on y « dénonce » – beaucoup – et on y propose – peu. La France affronte des défis économiques, sociaux et écologiques titanesques ; nos responsables, eux, affûtent leurs punchlines. La polarisation s’installe, le populisme s’épanouit : plus on simplifie, plus on divise, et plus on applaudit. (C’est ce qu’on appelle désormais « la participation citoyenne ».)

Pourtant, tout n’est pas perdu. Le maire de village, lui, résiste encore et toujours à l’envahisseur de la démagogie : près de sept Français·e·s sur dix lui font confiance. C’est dire si, quand la politique redescend de ses estrades et retrousse ses manches, elle redevient crédible. Redonner au débat sa dignité passe par cette proximité : voir, écouter, agir. Pas par un énième amendement sur la hauteur des pupitres parlementaires.

Alors, oui : ce cirque commence à bien faire. On ne réclame pas des saints, mais des serviteurs de la chose publique ; pas des orateurs, mais des bâtisseurs. Si la démocratie française veut renaître, qu’elle renoue avec l’humilité, la compétence, la lenteur même – cette vertu oubliée du politique. Comme l’écrivait Tocqueville, « La démocratie et la liberté ne se soutiennent que si elles savent se corriger elles-mêmes ».

À celleux qui gouvernent, je n’ai qu’un souhait : cessez de jouer la République comme un vaudeville. Elle mérite un scénario plus noble, une mise en scène plus subtile, et surtout un public moins dupe. (En attendant, je garde mon billet pour le prochain acte.)


En savoir plus sur Les petits billets de Letizia

Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.

Laisser un commentaire