Les petits billets de Letizia

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Je ne peux rien enseigner à personne, Je ne peux que les faire réfléchir. (Socrate 470/399 A.JC)

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L’Intelligence Artificielle Générative

L’Intelligence Artificielle Générative

Entre Promesse Et Vertige De L’Éducation

Réinventer L’Apprentissage À L’Ère Des Machines Pensantes

Il est des révolutions silencieuses qui bouleversent le monde sans fracas, mais dont le souffle redessine nos destins. L’intelligence artificielle générative appartient à cette catégorie : invisible, omniprésente, vertigineuse. Elle écrit, résume, crée, raisonne. Et, dans ce ballet de données et de mots, elle s’invite désormais dans les salles de classe, les amphithéâtres, les esprits.

« Apprendre », ce verbe fondateur de notre humanité, semble vaciller face à la machine qui apprend plus vite que nous. (Et pourtant, n’est-ce pas dans ce tremblement même que s’ouvre une chance : celle de repenser notre manière d’apprendre ?)

Car oui, l’IA générative est un outil disruptif. Elle déstabilise, provoque, dérange. Les méthodes séculaires d’enseignement, bâties sur la transmission linéaire du savoir, se voient questionnées par une entité sans regard, sans souffle, mais riche d’un savoir statistique infini. On parle d’une révolution pédagogique, d’une mutation des rôles : l’élève devient cocréateur, l’enseignant, guide et gardien de l’esprit critique. Et je vois là une beauté cachée : celle d’une école qui cesse de réciter pour commencer à interroger. (Ainsi se dessine un nouveau contrat pédagogique : non plus enseigner contre l’IA, mais apprendre avec elle.)

Pourtant, chaque promesse porte son ombre. Dans les couloirs numériques de nos écoles, la tentation est grande de laisser la machine penser à notre place. Les textes se forment d’eux-mêmes, les résumés s’écrivent sans effort, les dissertations prennent vie sans âme. Ce confort a le goût amer de la dépendance. Et je crains, parfois, que l’étudiant·e d’aujourd’hui n’oublie le plaisir du tâtonnement, de la lenteur, de l’erreur féconde. Comme le disait Hannah Arendt, « le danger n’est pas que les machines commencent à penser comme des hommes, mais que les hommes finissent par penser comme des machines ».

(Cette phrase résonne avec une intensité nouvelle à l’ère de ChatGPT et de ses héritiers.)

Les risques sont réels : perte d’autonomie intellectuelle, fracture numérique entre celleux qui maîtrisent l’outil et les autres, accroissement des inégalités éducatives, sans oublier la lourde empreinte écologique de ces intelligences énergivores. Les data centers brûlent d’électricité tandis que la planète s’essouffle ; les cerveaux, eux, s’endormiraient d’avoir trop délégué. (Ainsi, la modernité technologique peut devenir, si nous n’y prenons garde, une régression humaine.)

Mais il serait injuste de condamner là où nous pourrions sublimer. Car l’IA, loin d’être un monstre froid, peut devenir l’alliée de l’intelligence humaine. Elle nous libère des tâches mécaniques, nous offrant un espace pour la créativité, la réflexion, l’accompagnement. Elle permet de personnaliser les apprentissages, d’aider celleux qui peinent, d’ouvrir de nouveaux chemins pour comprendre le monde. (Encore faut-il savoir la questionner, la contredire, la dépasser.)

L’avenir de l’éducation ne se jouera donc ni dans la peur ni dans la fascination, mais dans l’équilibre. Une école du futur ne sera pas celle qui bannit la machine, ni celle qui s’y soumet, mais celle qui apprend à l’habiter. Enseigner, demain, ne sera plus transmettre un savoir figé, mais apprendre à naviguer dans l’incertitude, à discerner, à douter. (Et c’est peut-être là le cœur de notre humanité : apprendre à penser malgré la machine.)

Alors, face à cette révolution qui s’avance, je choisis la confiance lucide. Oui, l’IA générative est une épreuve pour l’éducation. Mais c’est aussi une invitation. Une invitation à redonner sens au verbe « apprendre », à le charger d’émotion, d’esprit, de conscience. Que l’école devienne non pas un sanctuaire contre la machine, mais un phare qui éclaire son usage.

Car si l’IA sait produire des textes, seule l’humanité sait en faire des pensées. (Et c’est peut-être là, dans cette fragile supériorité, que réside notre plus grand devoir.)

Références principales :

  1. Cadre d’usage de l’intelligence artificielle en éducation, Ministère de l’Éducation nationale, 2025.
  2. Rapport du Sénat sur l’usage de l’IA générative par les jeunes, 2024.
  3. L’intelligence artificielle en éducation : potentialités et enjeux, IH2EF, 2024.
  4. L’intelligence artificielle et la fracture numérique, CESE, 2025.


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