Pourquoi Je Vois Dans Cette Alliance Un Signe Des Temps
Comment J’Observe Les Transformations Qui Se Dessinent
Il est des instants où le paysage politique se met à vibrer comme une terre trop longtemps contenue, et je sens, en observant ce qui se joue aujourd’hui en Corse, qu’un seuil a été franchi. Je l’affirme sans détour : je suis convaincue que le RN et ses alliés locaux vont prendre une déculottée. Non par excès d’optimisme, mais par fidélité à ce que je perçois dans les regards, dans les voix, dans les frémissements discrets du quotidien insulaire. Et pourtant, quel spectacle fascinant que cette alliance improbable, surgissant comme une onde de choc dans une île qui n’a jamais cessé de conjuguer identité et résistance.
Je regarde cette montée en puissance affichée, cette ambition de conquérir Ajaccio et Bastia, comme on observe une marée haute : impressionnante, peut-être menaçante, mais jamais éternelle. Les chiffres, les discours, les stratégies ne suffisent pas à me distraire de cette vérité profonde : les sociétés ne se laissent pas dompter par des alliances de façade. Elles avancent, hésitent, se dérobent, se reprennent. Et toujours, elles révèlent leur propre force. C’est ce souffle que je sens se lever aujourd’hui.
Car l’alliance entre un parti nationaliste français et un mouvement autonomiste corse porte en elle une contradiction éclatante, presque majestueuse dans sa démesure. Elle ressemble à ces ponts mal arrimés qui prétendent unir deux rives que tout oppose. Elle interroge, elle intrigue, elle inquiète. Et je me surprends souvent à méditer cette phrase d’Hannah Arendt : « La politique se fonde sur le fait de la pluralité humaine ». Or, de pluralité, je ne vois ici qu’un simulacre, une tentative de marier deux imaginaires qui ne respirent pas le même air.
J’observe aussi les trajectoires individuelles, certaines marquées par des ombres anciennes, des passés qui réapparaissent sous d’autres habits. Elles deviennent, malgré elles, des symboles : celui d’une société qui hésite encore entre rédemption sincère et instrumentalisation politique. Et c’est précisément dans cette hésitation que je perçois la fragilité de cette alliance. Une fragilité immense, presque belle dans sa vérité nue.
Mais au-delà des stratégies et des noms, ce sont les effets sociaux potentiels qui me touchent. J’entends les murmures, les conversations qui s’échauffent autour d’un café, les récits qui se croisent et se heurtent. L’immigration, sujet brandi comme un étendard, devient le miroir de nos propres peurs. La fragmentation progressive des voix progressistes, elle, révèle une autre inquiétude : celle de la dispersion des rêves communs.
Pourtant, je sais que cette recomposition politique laisse entrevoir des enseignements plus vastes. La Corse n’est jamais une exception : elle est souvent un prélude. Ce qui s’esquisse ici pourrait retentir ailleurs, dans d’autres régions, d’autres contextes. Et c’est précisément pour cela que je me montre attentive : non pour condamner, mais pour comprendre.
Je conclus avec la conviction que ce moment politique n’est pas une fatalité, mais une invitation. Une invitation à repenser notre manière de dialoguer, de voter, de rêver ensemble. Une invitation à refuser les alliances fabriquées et à redonner à la politique sa dimension la plus humaine : la rencontre.
Parce qu’au fond, c’est toujours la même question qui m’habite : que voulons-nous devenir ensemble ?







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