Les petits billets de Letizia

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Je ne peux rien enseigner à personne, Je ne peux que les faire réfléchir. (Socrate 470/399 A.JC)

Le Tessin : Héritage, Sérénité Et Renaissance Au Bord Du Lac Majeur

Un Foyer Naissant Sur Les Rives Du Lac

Découvrez L’histoire D’une Maison Transmise, Entre Mémoire, Dialecte Ancestral Et Quête D’un Refuge Intemporel Dans Les Vallées Tessinoises.

Quand je ferme les yeux, je revois Ascona – la lumière douce sur le lac, l’eau tranquille, cette maison héritée comme une promesse venue de loin. Le souffle du vent portait son souvenir : mémoire d’un couple suisse disparu, legs inattendu, mais plus encore, passage secret vers un lieu où mon cœur pouvait enfin respirer.

Aujourd’hui, ma vie s’écoule dans une autre lumière, celle du Sud : je vis dans la région de Saint-Jean-Cap-Ferrat, entre la mer, les collines et la proximité des montagnes. C’est là que je travaille, que je marche, que je pense. Le Tessin, pour l’heure, demeure un horizon futur : j’imagine y vivre plus tard, lorsque viendra le temps de la retraite, lorsque les jours seront moins pressés, plus larges, et que le calme prendra la place de l’urgence.

Entrer pour la première fois dans cette maison fut comme reposer un fardeau trop longtemps ignoré. J’ai senti, dans l’air subtilement chargé d’odeurs de pierre, de résine, d’eau et de soleil, l’écho d’une histoire non écrite – la mienne.

Vivre au Tessin – c’est apprivoiser un dialecte ancestral, le Tessinois, murmure lombard de vallées et de villages, mélange de racines et de terre. Ce dialecte, qui survit malgré les années, fait partie des liens invisibles tissés entre les habitantes et habitants, source de fierté et de continuité.

Les Tessinois eux-mêmes semblent sensibles à cette langue de l’intime : un ancien émigrant vivant aux États-Unis confiait ne jamais avoir cessé de sentir, dans le silence, l’appel nostalgique de sa terre d’origine « le Tessin ne l’a jamais quitté ». Et pour celleux venus d’ailleurs – expatrié·e·s, étranger·e·s installés – il existe une manière douce d’être accueilli·e : une main tendue, une conversation au marché, une compréhension immédiate au détour d’une phrase.

Ainsi, entre le murmure du dialecte, l’eau calme du lac et la montagne qui veille, le Tessin propose un espace propice à l’enracinement, à la renaissance intime « un refuge hors du temps pour celleux en quête de paix, de douceur, de sens ».

Quand j’ai découvert que j’héritais d’une maison au bord du Lac Majeur, j’ai d’abord cru à une erreur, un mirage, un piège. Mais la réalité m’a accueillie : l’acte notarié, le voyage sur place, la vue du lac, « tout confirmait qu’un pont s’était jeté entre mon passé corse et un avenir tessinois ».

J’ai compris que ce legs n’était pas qu’un simple transfert de pierre et de clés : c’était une transmission de mémoire, de confiance, d’un geste d’affection « un don posé sur le fil du hasard et de l’humanité ».

Vivant aujourd’hui sur la Côte d’Azur, je suis à mi-chemin entre deux mondes : la maison tessinoise m’attend, paisible, tournée vers l’avenir. J’y vais parfois, je l’entretiens, je l’habite un peu, comme on apprivoise lentement un rêve pour qu’il devienne réalité lorsque le temps sera venu.

Pourtant, le Tessin change. Le dialecte recule – moins parlé à la maison, moins transmis aux enfants. Certaines personnes ressentent le poids du tourisme, de l’évolution sociale, de la transformation des villages. L’âme du lieu se transforme, moins secrète, plus offerte, plus convoitée aussi.

Un retraité s’est confié : la beauté du lac demeure, mais les attaches anciennes s’effilochent, les visages changent. D’autres disent le contraire : une tendresse immuable, une douceur, une continuité préservée dans la lumière et les saisons.

Je sais que l’attachement peut se perdre si l’on ne veille pas. Je sais aussi que la distance « Saint-Jean-Cap-Ferrat ici, Ascona là-bas » n’est pas un obstacle lorsque l’amour d’un lieu vient de l’âme. Je me prépare lentement à le rejoindre, plus tard, lorsque le flux des jours ralentira.

Je peux dire maintenant que cette maison, héritée par surprise, m’a offert bien plus qu’un toit. Elle m’a offert un chemin, un murmure, un souffle de vie nouveau. Elle m’a permis de conjuguer deux terres la « Corse de mon enfance, le Tessin de mon avenir » en un seul horizon.

Je sais que l’attachement est fragile, que le dialecte vacille, que la modernité grignote les racines. Mais je crois « avec une douceur émerveillée » que l’amour d’un lieu, l’écho d’une langue, la confiance d’un legs peuvent parfois réparer ce que les frontières, les origines, les aléas avaient séparé.

Alors, depuis Nice, je regarde le lac en pensée, je l’écoute. Je choisis d’être – ici – gardienne de mémoire, d’identité, d’appartenance. Et lorsque viendra la retraite, lorsque la lumière déclinera doucement sur les montagnes, je sais que je pourrai dire : j’ai trouvé un foyer.

« Le Tessinois n’est pas une langue artificielle imposée : c’est la voix du lieu, la mémoire du peuple ». – ces mots m’accompagnent comme un serment tranquille.


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