Les petits billets de Letizia

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Je ne peux rien enseigner à personne, Je ne peux que les faire réfléchir. (Socrate 470/399 A.JC)

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Amnesty, Justice Et Humanité

Amnesty, Justice Et Humanité

Quand Le 7-Octobre Devient Un Test De Notre Conscience Collective

Ma Réflexion Sur Le Sujet

Nous nous étions habitué·e·s au confort. Au point d’oublier que toute société se construit sur des choix. Aujourd’hui, ces choix nous reviennent comme un boomerang : ils exigent de nous du courage. Surtout quand la violence, sacralisée au nom de récits identitaires ou religieux, frappe avec une brutalité qui défie l’entendement humain. J’écris cette tribune parce que j’en ai marre de voir qu’au troisième millénaire les religions se sentent obligées de massacrer ceux et celles qui ne sont pas d’accord avec elles, et qu’il est temps de nommer ce que nous voyons : « l’échec moral d’un monde qui tolère encore que la foi soit détournée pour justifier l’annihilation de vies humaines ».

Le rapport publié par Amnesty International en décembre 2025 a jeté une lumière crue sur l’attaque du 7 octobre 2023 et sur les actes commis par le Hamas et d’autres groupes armés palestiniens. Pour la première fois, l’organisation parle de crimes contre l’humanité, dont un crime d’extermination. Cette qualification ne relève ni de la rhétorique, ni de la surenchère : elle est l’expression d’un seuil franchi dans l’horreur, celui où la violence cesse d’être la conséquence d’un conflit et devient un projet structuré contre une population civile. « C’est ce basculement qu’il nous faut regarder en face », sans jamais oublier que le droit international, si souvent invoqué, n’existe que pour empêcher précisément ce que nous avons vu ce jour-là.

Ma thèse est simple : nous ne pouvons plus accepter que des acteurs politiques, militaires ou religieux transforment la souffrance humaine en instrument stratégique. Ni dans le sud d’Israël, où les attaques du 7-octobre ont tué plus d’un millier de personnes et entraîné la prise de 251 otages, ni dans la bande de Gaza, où la riposte israélienne a provoqué, selon les bilans recoupés par les agences internationales, des dizaines de milliers de morts civiles. Si nous voulons demeurer fidèles à nos valeurs démocratiques, nous devons regarder simultanément ces réalités, sans relativiser les unes pour excuser les autres.

Le premier argument tient au fait lui-même : Amnesty documente des exécutions, des violences sexuelles, des tortures, des disparitions forcées, mais aussi la planification explicite de la prise d’otages. Derrière ces mots, il y a des vies brisées, des familles suspendues à un espoir impossible, des enfants dont les dernières minutes ont été filmées, archivées, recomposées par les enquêteur·es. Comme le disait Eleanor Roosevelt dans un texte fondateur : « Where, after all, do universal human rights begin ? In small places, close to home – so close and so small that they cannot be seen on any maps of the world ». Dans ces small places, des foyers, des kibboutz, des chambres d’enfants, des humains ont été ciblés pour ce qu’ils représentaient. Nous ne pouvons pas nous permettre de détourner les yeux.

Le deuxième argument rappelle que le droit international n’est pas une abstraction, mais un garde-fou. Les mandats d’arrêt de la Cour pénale internationale, visant d’un côté des dirigeants du Hamas (depuis annulés après leur mort), et de l’autre le Premier ministre israélien et son ministre de la Défense, soulignent une vérité dérangeante : aucune puissance, aucun camp, aucune légitimité historique ne devrait être au-dessus de la loi. Lorsque des États contestent de telles procédures au nom de leur propre sécurité ou de leur propre vérité, nous devons avoir le courage de refuser ces hiérarchies de souffrance qui détruisent notre capacité de jugement.

Troisièmement, l’expérience humaine du conflit nous oblige à sortir des abstractions. Les civils de Gaza qui pleurent leurs familles, ceux et celles qui survivent dans les ruines, ne sont pas moins humains que les victimes israéliennes du 7-octobre. Là encore, il n’y a pas d’équivalence politique : il y a une égalité humaine. Nous ne pouvons revendiquer la justice pour un camp et refuser la dignité à l’autre. Le féminisme qui guide ma réflexion impose de prendre en compte les violences sexuelles documentées, mais aussi les vies des femmes de Gaza, massivement touchées par les bombardements et les privations. Une conscience cohérente ne choisit pas ses morts.

Certain·e·s objecteront que dans un conflit de cette ampleur, les ONG exagèrent, que les chiffres sont imprécis, ou que critiquer l’un revient à légitimer l’autre. Ce sont des illusions dangereuses. La documentation d’Amnesty, comme celle d’autres organismes indépendants, repose sur des mois d’enquête, de recoupements, d’analyses d’images, de témoignages directs. « Quant à l’idée selon laquelle dénoncer un crime interdirait de dénoncer l’autre, elle ne tient pas : la justice n’est pas une ressource limitée. Elle ne se divise pas, elle s’étend ».

Nous avons le devoir de défendre une idée simple : aucune cause, aussi légitime soit-elle, ne mérite l’abandon de notre humanité. Nous ne pouvons pas laisser le religieux ou le nationalisme devenir le prétexte d’une déshumanisation généralisée. « La seule sortie possible passe par la vérité, la justice et la revalorisation absolue de la vie humaine ».

Il nous reste une question : voulons-nous vraiment d’un monde où la vengeance tient lieu de politique ? Ou oserons-nous construire, malgré nos peurs et nos colères, un cadre où la justice internationale est appliquée, où les civils sont protégés, où les récits identitaires cessent d’armer les consciences ? La réponse décidera de ce que nous deviendrons collectivement.

Références principales

  1. Rapport Amnesty International, décembre 2025
  2. Dépêche d’agence sur le bilan du 7-octobre, décembre 2025
  3. Analyse juridique sur les mandats de la CPI, novembre 2024
  4. Synthèse médiatique sur les bilans à Gaza, novembre 2025

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