Les petits billets de Letizia

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Je ne peux rien enseigner à personne, Je ne peux que les faire réfléchir. (Socrate 470/399 A.JC)

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La Liberté Comme Dernier Souffle De L’amour

La Liberté Comme Dernier Souffle De L’amour

Pourquoi l’autonomie est essentielle pour des relations amoureuses épanouies

Fusion ou distance : repenser les bases du couple moderne

Il est des idées que l’on applaudit sans les interroger, des récits que l’on hérite sans les choisir, des idéaux que l’on embrasse jusqu’à l’étouffement. Le couple, tel qu’il nous est chanté, filmé, sanctifié, appartient à cette catégorie sacrée. Il promet l’éternité, la complétude, la réparation. Il promet tout. Et c’est précisément pour cela qu’il tue l’amour.

Car l’amour, le vrai, ne naît pas de la possession mais du souffle. Il n’avance pas à coups de chaînes, mais d’élans. Il ne se nourrit pas de la fusion, mais de la distance juste. Or notre imaginaire collectif célèbre l’abolition des frontières, l’effacement des identités, la confusion des désirs. Deux êtres devraient ne faire qu’un. Deux trajectoires devraient se fondre. Deux libertés devraient se dissoudre. Quelle violence douce, quelle tyrannie romantique.

Depuis l’enfance, les contes nous murmurent que l’amour sauve, que l’amour enferme pour protéger, que l’amour couronne. Les chansons exaltent l’abandon total, la dépendance comme preuve suprême. Les films enseignent que partir seul·e est une trahison, que vouloir respirer autrement est un manque. Ainsi se fabrique une norme. Ainsi se prépare la désillusion.

Car vient le temps où l’enchantement se fige. Ce qui était désir devient devoir. Ce qui était choix devient exigence. Les élans spontanés se transforment en comptes à rendre. Les silences deviennent suspects. Les absences, coupables. Tout ce qui n’est pas partagé devient reprochable. Et l’amour, lentement, se ratatine sous le poids de l’obligation.

Les sciences humaines et psychologiques le rappellent pourtant avec constance. Le besoin d’autonomie est fondamental. Il n’est ni caprice ni égoïsme, mais condition de la santé psychique et relationnelle. Les études montrent que les couples dans lesquels chacun·e se sent libre de poursuivre ses projets, de préserver ses amitiés, de cultiver ses solitudes, connaissent une plus grande satisfaction affective, moins de conflits, plus de désir. L’autonomie ne fragilise pas le lien, elle l’ennoblit.

Comme l’écrivait Simone de Beauvoir, « Aimer, ce n’est pas se regarder l’un l’autre, c’est regarder ensemble dans la même direction ». Et regarder dans la même direction suppose deux regards distincts. Deux histoires. Deux élans qui se choisissent, encore et encore, sans jamais se confondre.

La conversation devient alors un acte politique intime. Non pas négocier, marchander, troquer sa liberté contre la paix. Mais dire. Dire ses besoins. Dire ses élans. Dire ses peurs aussi. Comprendre que l’autre parle toujours avec son passé (ses blessures, ses manques, ses défenses). Et se souvenir, dans le même mouvement, que l’on n’est pas ce passé-là, mais une promesse nouvelle.

Aimer, ce n’est pas surveiller. Aimer, ce n’est pas retenir. Aimer, ce n’est pas remplir chaque minute pour conjurer la peur du vide. Aimer, c’est laisser l’autre partir en sachant qu’il ou elle reviendra, non par obligation, mais par désir. C’est accepter que l’absence nourrisse la présence, que le manque ravive l’élan, que la solitude prépare la rencontre.

Les modèles émergents, qu’ils s’appellent célicouple, relations ouvertes ou engagements souples, ne sont pas des caprices modernes. Ils sont des tentatives, parfois maladroites, de réintroduire de l’air là où la norme avait tout clos. Ils interrogent une évidence trop longtemps sacralisée : et si le couple, tel qu’il est conçu, n’était pas la preuve de l’amour, mais son épreuve ?

L’espace privé n’est pas un luxe. Il est une nécessité vitale. Il est ce lieu secret où l’on se retrouve, où l’on se reconstruit, où l’on se désire à nouveau. En le protégeant, l’espace partagé s’enrichit. Il devient choix, fête, gratitude. Plus jamais dû.

Que reste-t-il alors ? Une vision exigeante, mais lumineuse. Un amour qui ne possède pas. Un lien qui ne dévore pas. Une relation qui n’efface pas, mais révèle. L’amour n’est pas un enfermement doré. Il est une comète. Et sans air, même les plus belles comètes s’éteignent.


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