Les petits billets de Letizia

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Je ne peux rien enseigner à personne, Je ne peux que les faire réfléchir. (Socrate 470/399 A.JC)

L’Égalité Femmes-Hommes, Une Promesse Qui Résiste À La Réalité

Quand Le Droit Proclame Et Que Le Quotidien Dément

Pourquoi Le Féminisme Reste Une Nécessité Politique Et Sociale

J’écris cet article parce que l’égalité femmes-hommes est primordiale à mes yeux, non comme un idéal abstrait, mais comme une condition concrète de dignité, de sécurité et de liberté. Or, en France, le récit dominant d’une égalité déjà acquise se heurte frontalement à la réalité vécue par des millions de femmes. La loi proclame l’égalité, certes. Mais proclamer n’est pas transformer. Entre l’intention normative et l’expérience quotidienne, un fossé persiste, large et documenté.

Il suffit d’observer le traitement social et judiciaire des violences sexistes et sexuelles pour mesurer l’écart. Les chiffres sont connus, répétés, parfois banalisés. Une majorité de plaintes pour violences sexuelles n’aboutissent pas, non parce que les violences seraient rares, mais parce que le système exige des preuves souvent impossibles à produire dans des contextes d’emprise, de sidération ou de huis clos. Cette défaillance structurelle n’est pas neutre. Elle envoie un message clair aux victimes : parler expose, se taire protège. À cela s’ajoute la victimisation secondaire, faite de soupçons, de minimisations, de paroles publiques qui délégitiment la souffrance au lieu de la reconnaître. “Ces mécanismes prolongent le traumatisme et entretiennent un climat où l’impunité devient socialement tolérable”.

Les violences ne sont pourtant qu’une facette d’un système plus large. Sur le marché du travail, les femmes continuent de gagner moins que les hommes, même à poste équivalent. Elles sont surreprésentées dans les emplois précaires, les temps partiels contraints et les secteurs les moins valorisés, tout en restant minoritaires dans les postes de direction. La maternité, réelle ou supposée, agit encore comme une sanction silencieuse sur les carrières. Ce déséquilibre n’est pas le fruit de choix individuels isolés, mais celui d’un agencement social qui hiérarchise les rôles et les trajectoires dès l’enfance.

À cela s’ajoute un travail invisible, rarement nommé comme tel : le travail domestique et la charge mentale. Même lorsque les couples se veulent égalitaires, les femmes assument l’essentiel de l’organisation quotidienne, de l’anticipation et de la gestion émotionnelle du foyer. Ce temps donné, non rémunéré, soutient pourtant l’ensemble de l’économie. Il limite aussi les possibilités d’engagement professionnel, politique ou créatif. “Une société qui repose sur ce déséquilibre ne peut raisonnablement se dire égalitaire”.

Il est essentiel, enfin, d’adopter une perspective intersectionnelle. Toutes les femmes ne font pas face aux mêmes obstacles. Les femmes racisées, migrantes, précaires, transgenres ou en situation de handicap sont plus exposées aux violences et rencontrent davantage de barrières lorsqu’elles cherchent protection ou justice. Ignorer ces réalités, c’est renforcer une égalité de façade qui ne bénéficie qu’à une minorité.

Comme l’écrivait « On ne naît pas femme : on le devient » Simone de Beauvoir. Cette phrase, souvent citée, rappelle une vérité toujours actuelle : les inégalités sont produites, entretenues et donc transformables. L’égalité femmes-hommes ne se résume pas à un principe juridique ou à un slogan politique. Elle exige des moyens, une volonté constante et une remise en question des structures qui concentrent encore le pouvoir, la richesse et la légitimité entre les mêmes mains.

Reconnaître que l’égalité est inachevée n’est ni un aveu d’échec ni une attaque contre les individus. C’est un point de départ. Tant que disposer librement de son corps, de son temps et de sa parole restera une conquête fragile, le féminisme ne sera ni excessif ni dépassé. Il restera une réponse nécessaire à un ordre social qui, aujourd’hui encore, hiérarchise les vies.

Références principales

  1. Sixième État Des Lieux Du Sexisme En France – 2024
  2. Rapport Annuel Sur Les Violences Sexistes Et Sexuelles – 2024
  3. Les Inégalités Professionnelles Entre Les Femmes Et Les Hommes – 2025
  4. Femmes Et Pouvoir En France – 2025

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