Les petits billets de Letizia

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Je ne peux rien enseigner à personne, Je ne peux que les faire réfléchir. (Socrate 470/399 A.JC)

La Laïcité À L’École En 2026 : Tenir Le Cap De La Liberté Commune

Quand L’École Devient Le Miroir De Nos Tensions Collectives

Pourquoi La Laïcité Reste Un Enjeu Central De L’Éducation

Chaque rentrée scolaire apporte son lot de questions. Mais certaines reviennent avec une insistance particulière. Comment faire classe quand les règles communes sont contestées ? Comment transmettre des savoirs dans un climat de défiance ? En 2025, la laïcité à l’école n’est plus un principe abstrait. Elle s’incarne dans des situations très concrètes : une tenue jugée religieuse, un cours remis en cause, une pression collective sur un·e enseignant·e. Selon les données du ministère de l’Éducation nationale, plusieurs milliers d’atteintes au principe de laïcité sont signalées chaque année, avec une hausse marquée depuis 2021. Ce chiffre, souvent repris dans le débat public, dit surtout une chose : « l’école est devenue l’un des principaux lieux où se joue notre capacité à vivre ensemble ».

L’éducation occupe une place stratégique dans une société traversée par des fractures sociales, culturelles et informationnelles. Elle n’est pas seulement un lieu de transmission des connaissances. Elle est un espace de socialisation, d’apprentissage du doute, de confrontation pacifique des idées. « Dans un monde saturé d’opinions, de croyances affirmées et de récits concurrents, l’école reste l’un des rares lieux où l’on peut apprendre à penser sans devoir croire ». La laïcité n’y est donc pas une contrainte supplémentaire, mais une condition de possibilité.

Depuis la loi de 2004 interdisant les signes religieux ostensibles à l’école publique, le cadre juridique est clair. Il a été récemment réaffirmé par les plus hautes juridictions administratives, notamment lors des débats autour de certaines tenues vestimentaires. Pourtant, sur le terrain, l’application de ce cadre se heurte à des réalités complexes : pression des pairs, incompréhension des familles, peur d’être accusé·e de discrimination. « Beaucoup d’enseignant·e·s témoignent d’un sentiment d’isolement, malgré les formations renforcées mises en place après l’assassinat de Samuel Paty ». Ces formations existent, mais elles peinent parfois à outiller face à des situations émotionnellement chargées et médiatiquement exposées.

Les défis sont multiples. Il y a les inégalités sociales qui fragilisent le rapport à l’institution scolaire. Il y a l’impact du numérique, qui diffuse en continu des discours simplificateurs ou radicaux. Il y a aussi une crise de l’autorité éducative, souvent confondue avec l’autoritarisme. Dans ce contexte, la laïcité est parfois perçue comme une arme dirigée contre certaines populations, alors qu’elle est avant tout un principe de protection. Protection de la liberté de conscience, protection des élèves contre toute pression religieuse ou idéologique, protection des personnels dans l’exercice de leur mission.

Des initiatives existent pourtant. Dans plusieurs académies, des équipes éducatives ont mis en place des espaces de dialogue avec les élèves, des ateliers de débat argumenté, des projets interdisciplinaires autour de l’histoire de la laïcité et du fait religieux. Ces démarches montrent des résultats encourageants : baisse des tensions, meilleure compréhension des règles, sentiment accru de justice. Une enseignante de collège résumait ainsi son expérience : « La laïcité n’est comprise que lorsqu’elle est expliquée, incarnée et discutée ». Cette approche rejoint les travaux de nombreux chercheurs et chercheuses en sciences de l’éducation.

« La laïcité n’a jamais eu vocation à effacer les identités ». Elle vise à empêcher qu’elles s’imposent aux autres. Comme l’écrivait Jean Baubérot, historien spécialiste du sujet, « La laïcité est la condition pour que des personnes différentes puissent vivre ensemble sans se nier ». Cette phrase éclaire un malentendu central. L’école n’est pas un espace neutre au sens vide. Elle est un espace commun, structuré par des règles qui permettent à chacun·e d’exister sans domination.

Regarder vers l’avenir implique de repenser la formation des personnels, d’associer davantage les familles, de renforcer l’éducation à l’esprit critique dès le plus jeune âge. Les compétences essentielles de demain ne seront pas seulement techniques. Elles seront civiques, relationnelles, réflexives. Apprendre à distinguer savoir et croyance, opinion et fait, relève pleinement de la mission scolaire.

La laïcité à l’école n’est ni un combat du passé ni une crispation identitaire. Elle est un investissement collectif dans la liberté de penser. Elle demande de la pédagogie, de la fermeté et de l’humanité. « En la faisant vivre avec exigence et dialogue, l’école peut rester ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être : un lieu d’émancipation, pour toutes et tous. »

Références principales

  1. Charte de la laïcité à l’École – 2013
  2. Rapport sur les atteintes à la laïcité en milieu scolaire – 2023
  3. Décision du Conseil d’État relative aux signes religieux à l’école – 2023
  4. La Laïcité expliquée à tous, Jean Baubérot – 2016

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